jeudi 12 juillet 2007

à quand un ministère de la Sélection et de l'Eugénisme? Froid dans le dos:Nicolas Sarkozy et le déterminisme génétique

Sans y prendre garde, la candidat Sarkozy a lancé au plus mauvais moment pour lui, à deux semaines du premier tour des présidentielles, un sacré pavé dans la mare des libertés et des consciences individuelles.Ce qui hélas pour qui n'adhère pas aux archaismes d'une pensée déterministe, n'aura pas empeché son élection.
Au gré d’une interview publiée dans le dernier numéro de Philosophie Magazine de mars 2007, il se fait l’apôtre de théories plus que dérangeantes, selon lesquelles notre environnement, notre éducation et surtout notre libre arbitre seraient de peu de poids face à notre programmation génétique. On comprend que depuis cet outing philosophique, tout soit mis en œuvre pour faire cesser la polémique encore modeste qui en résulte.



Six lignes seulement suffisent à circonscrire la pensée sarkozienne :

”J’inclinerais, pour ma part, à penser qu’on naît pédophile, et c’est d’ailleurs un problème que nous ne sachions soigner cette pathologie. Il y a mille deux cents ou mille trois cents jeunes qui se suicident en France chaque année, ce n’est pas parce que leurs parents s’en sont mal occupés ! Mais parce que, génétiquement, ils avaient une fragilité, une douleur préalable. Prenez les fumeurs : certains développent un cancer, d’autres non. Les premiers ont une faiblesse physiologique héréditaire. Les circonstances ne font pas tout, la part de l’inné est immense.”

La désapprobation finalement la plus vive est venue de l’église catholique elle-même par la voix très autorisée de Mgr André Vingt-Trois, archevêque de Paris au micro de RTL. : Surtout, ce qui me paraît plus grave, c’est l’idée qu’on ne peut pas changer le cours du destin. C’est vrai quand on prend la perspective génétique, mais c’est aussi vrai quand on prend la perspective sociologique”. “Parce que dire que quelqu’un est pré-déterminé par la famille qui l’a entouré, par les conditions dans lesquelles il a vécu, ça veut dire que l’homme est conditionné absolument. Or pour l’église qui a foi en l’Homme, celui-ci est immanquablement libre de son destin.

Les propos de Nicolas Sarkozy ont un retentissement d’autant plus fort que, ces dernières années, la connaissance du génome humain a fait des progrès considérables. De cette connaissance, des applications positives ou négatives peuvent, comme pour toute découverte scientifique, être tirées. Jouer avec la génétique, en la modifiant ou simplement en la révélant, c’est un peu se prendre pour Dieu, en affectant à leurs propriétaires des destins, des comportements, des maladies. Il n’est pas rare d’ailleurs de voir des membres d’une famille touchée par une maladie génétique refuser de se voir révéler s’ils sont porteurs ou non de tel ou tel gène, conscients qu’ils sont de la difficulté de vivre avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête. La meilleur réponse apportée au candidat de l’UMP, c’est un généticien, Axel Kahn, qui la donne lorsqu’il répond “qu’il n’y a pas de gène du destin malheureux”.

C’est bien là tout le cœur du débat. Les gènes nous prédisposent mais ne nous condamnent pas. Refuser ce postulat c’est s’ouvrir les portes d’un monde, un enfer, dans lequel la sélection prénatale ne serait que la seule issue.La question est éthique, philosophique et religieuse. La réponse apportée par Nicolas Sarkozy , jugée “glaçante” par François Bayrou, est d’autant plus surprenante qu’il s’était jusqu’à présent montré comme un défenseur des religions. N’avait-il pas déclaré dans son ouvrage de 2004 ( La République, les Religions, l’Espérance) que, “la place des religions dans la France de ce début de troisième millénaire est centrale” ?

Pour Axel Kahn, les choses sont claires : “La vision d’un gène commandant un comportement complexe tel que ceux conduisant à l’agressivité, à la violence, à la délinquance, à la dépression profonde avec dérive suicidaire, est ridicule et fausse”.François Bayrou, candidat centriste porteur de valeurs humanistes et chrétiennes, estime pour sa part, que les déclarations de M. Sarkozy ne peuvent être considérées comme fortuites mais qu’elles relèvent d’une ligne directrice constante. Il rappelle ainsi le projet de loi de ce même Sarkozy sur la prévention de la délinquance de 2006, qui voulait déja instituer chez les jeunes enfants un dépistage précoce des troubles de comportement.

Sarkosy ,un rhéteur antisocratique.Sarkosy tient pour vain la connaissance de soi!

Nicolas Sarkozy et Michel Onfray - CONFIDENCES ENTRE ENNEMIS
D'un côté, un philosophe athée, antilibéral, hédoniste et libertaire. De l'autre, un candidat à la présidentielle n'hésitant pas à remettre en cause la loi sur la séparation de l'Église et de l'État, un ministre de l'Intérieur rêvant au rétablissement de l'autorité. À notre initiative, les deux hommes se sont rencontrés. On s'attendait à un choc frontal, il a été question de la croyance, du mal, de la liberté, de la transgression.

Voici un court extrait du dialogue qui a provoqué la polémique dans les semaines précédant le premier tour de l'élection présidentielle. Le dialogue intégral, sur 8 pages, est publié dans Philosophie magazine n°8.

Propos recueillis par Alexandre Lacroix et Nicolas Truong / Photographies de Frédéric Poletti

(...)

N. S. : Je me méfie de cette attitude qui consiste à rechercher pour tout acte, aussi mauvais soit-il, des explications, pour le justifier. Certes, il existe certains déterminismes et des inégalités de condition. Mais rien n'excuse, à mes yeux, l'antisémitisme ou le viol d'une fillette.

M. O. : Nous sommes d'accord. Mais expliquer, ce n'est pas excuser. Par exemple, beaucoup d'historiens ont travaillé sur l'Allemagne des années 1930, sur la montée du nazisme, sur la mise en place d'une mécanique génocidaire. Ces historiens ne peuvent pas être accusés de complaisance envers l'horreur des camps, ni de justification.

N. S. : Qu'un grand peuple démocratique participe par son vote à la folie nazie, c'est une énigme. Il y a beaucoup de nations à travers le monde qui traversent des crises sociales, monétaires, politiques, et qui n'inventent pas la solution finale ni ne décrètent l'extermination d'une race. Mieux vaut admettre qu'il y a là une part de mystère irréductible plutôt que de rechercher des causes rationnelles.

M. O. : Comprendre, cela peut nous permettre d'éviter que ces crimes ne recommencent. Parmi de multiples facteurs explicatifs, on peut affirmer que le peuple allemand a probablement été humilié par sa défaite lors de la Première Guerre mondiale, puis par les conditions du Traité de Versailles, et qu'il a en partie cherché à se venger en concentrant sa haine sur le peuple juif devenu bouc-émissaire. Je ne dis pas que c'est une attitude défendable, mais c'est une mécanique psychiatrique et éthologique assez compréhensible.

N. S. : La France a été humiliée, bafouée sous l'Occupation. Cela l'a-t-elle conduite à perpétrer un massacre ?

M. O. : Elle n'en avait pas les moyens. Si les grands crimes de l'histoire, les mauvaises actions ne s'expliquent pas, qu'est-ce qui les provoque ?

N. S. : Je me suis rendu récemment à la prison pour femmes de Rennes. J'ai demandé à rencontrer une détenue qui purgeait une lourde peine. Cette femme-là m'a parue tout à fait normale. Si on lui avait dit dans sa jeunesse qu'un jour, elle tuerait son mari, elle aurait protesté : « Mais ça va pas, non ! » Et pourtant, elle l'a fait.

M. O. : Qu'en concluez-vous ?

N. S. : Que l'être humain peut être dangereux. C'est d'ailleurs pour cette raison que nous avons tant besoin de la culture, de la civilisation. Il n'y a pas d'un côté des individus dangereux et de l'autre des innocents. Non, chaque homme est en lui-même porteur de beaucoup d'innocence et de dangers.

M. O. : Je ne suis pas rousseauiste et ne soutiendrais pas que l'homme est naturellement bon. À mon sens, on ne naît ni bon ni mauvais. On le devient, car ce sont les circonstances qui fabriquent l'homme.

N. S. : Mais que faites-vous de nos choix, de la liberté de chacun ?

M. O. : Je ne leur donnerais pas une importance exagérée. Il y a beaucoup de choses que nous ne choisissons pas. Vous n'avez pas choisi votre sexualité parmi plusieurs formules, par exemple. Un pédophile non plus. Il n'a pas décidé un beau matin, parmi toutes les orientations sexuelles possibles, d'être attiré par les enfants. Pour autant, on ne naît pas homosexuel, ni hétérosexuel, ni pédophile. Je pense que nous sommes façonnés, non pas par nos gènes, mais par notre environnement, par les conditions familiales et socio-historiques dans lesquelles nous évoluons.

N. S. : Je ne suis pas d'accord avec vous. J'inclinerais, pour ma part, à penser qu'on naît pédophile, et c'est d'ailleurs un problème que nous ne sachions soigner cette pathologie. Il y a 1 200 ou 1 300 jeunes qui se suicident en France chaque année, ce n'est pas parce que leurs parents s'en sont mal occupés ! Mais parce que, génétiquement, ils avaient une fragilité, une douleur préalable. Prenez les fumeurs : certains développent un cancer, d'autres non. Les premiers ont une faiblesse physiologique héréditaire. Les circonstances ne font pas tout, la part de l'inné est immense.

M. O. : Puisque notre entrevue touche à sa fin, je voudrais vous offrir quelques cadeaux utiles avant que nous nous quittions.

[Michel Onfray tend à Nicolas Sarkozy ses quatre paquets.]

N. S. [amusé] : Vous croyez que ma situation est si grave ?

[Nicolas Sarkozy déballe ses livres tandis que Michel Onfray commente ses choix.]

M. O. : Totem et Tabou, je vous l'offre parce que Sigmund Freud y traite du meurtre du père et de l'exercice du pouvoir dans la horde. L'Antéchrist de Friedrich Nietzsche, pour la question de la religion, la critique radicale de la morale chrétienne à vous qui, parfois, allez à la messe en famille. Michel Foucault, c'est une lecture que je recommande plus particulièrement au ministre de l'Intérieur, adepte des solutions disciplinaires. Dans Surveiller et punir, Michel Foucault analyse le rôle du système carcéral et de l'emprisonnement, puis de leur relation avec la norme libérale. Pierre-Joseph Proudhon, enfin, car il montre qu'on peut ne pas être libéral sans pour autant être communiste.

N. S. : Ai-je prétendu une chose pareille ?

M. O. [se référant à ses notes] : Oui, dans votre livre Témoignage, page 237 : « Le communisme, l'autre mot de l'antilibéralisme ».

N. S. : Vous, vous êtes communiste ?

M. O. : Ni communiste ni libéral. Je pense qu'il y a des options, notamment libertaires, de gestion du capital qui sont intéressantes et qui reposent sur la coopération, la mutualité, le contrat, la fédération ou les crédits populaires. Proudhon est un auteur qu'on lit peu aujourd'hui, et souvent mal.

N. S. : Donc, ça vous intéresse, la complexité ?

M. O. : Bien sûr ! Il vaut mieux qu'on finisse sur un éloge de la complexité que sur le braquage idéologique de la première demie-heure...

Michel Onfray : Dans la peau de Nicolas Sarkozy

Que se passe-t-il quand un philosophe antilibéral et libertaire rencontre un ministre de l'Intérieur ouvertement de droite qui rêve au rétablissement de l'autorité ? C'est ce qu'a voulu savoir une équipe de « Philosophie magazine »* en proposant à Nicolas Sarkozy et à Michel Onfray de débattre à quelques semaines du premier tour. Dans le blog qu'il tient régulièrement sur nouvelobs.com, Michel Onfray est revenu sur cette rencontre. Résultat : un portrait saisissant et rare du candidat Sarkozy

La revue Philosophie magazine m’a demandé si, sur le principe, j’acceptais de rencontrer l’un des candidats à la présidentielles pour le questionner sur son programme culturel, son rapport aux choses de l’esprit ou sa relation à la philosophie. Dans la foulée de mon consentement, la rédaction m’a rappelé en me demandant si j’avais une objection contre Nicolas Sarkozy. Pas plus avec lui qu’avec un autre, j’aurais même consenti à Jean-Marie Le Pen tant l’approche de l’un de ces animaux politiques m’intéressait comme on visite un zoo ou un musée des horreurs dans une faculté de médecine. Ce fut donc Nicolas Sarkozy.
Il me paraît assez probable que son temps passé – donc perdu…- avec Doc Gynéco ou Johnny Hallyday le dispensait de connaître un peu mon travail, même de loin. Je comptais sur la fiche des renseignements généraux et les notes de collaborateurs. De fait, les porte plumes avaient fait au plus rapide : en l’occurrence la copie de mon blog consacrée à son auguste personne. Pour mémoire, son titre était : Les habits de grand- mère Sarkozy – j’y montrais combien le candidat officiel drapait ses poils de loup dans une capeline républicaine bien inédite …
Je me trouvais donc dans l’antichambre du bureau de la fameuse grand mère Sarkozy, place Beauvau, en compagnie de deux compères de la rédaction de la revue et d’un photographe qui n’en revenaient pas de se retrouver dans cette géographie de tous les coups fourrés de la République. Epicentre de la stratégie et de la tactique politique policière, espace du cynisme en acte, officine du machiavélisme en or d’Etat, et portraits des figures disciplinaires de l’histoire de France représentées en médaillons d’austères sinistres.
Arrivée du Ministre de l’intérieur avec un quart d’heure d’avance, il est 17h00 ce mardi 20 février. Début houleux. Agressivité de sa part. Il tourne dans la cage, regarde, jauge, juge, apprécie la situation. Grand fauve blessé, il a lu mes pages de blog et me toise – bien qu’assis dans un fauteuil près de la cheminée. Il a les jambes croisées, l’une d’entre elles est animée d’un incessant mouvement de nervosité, le pied n’arrête pas de bouger. Il tient un cigare fin et long, étrange module assez féminin. Chemise ouverte, pas de cravate, bijoux en or, bracelet d’adolescent au poignet, cadeau de son fils probablement. Plus il en rajoute dans la nervosité, plus j’exhibe mon calme.
Premier coup de patte, toutes griffes dehors, puis deuxième, troisième, il n’arrête plus, se lâche, agresse, tape, cogne, parle tout seul, débit impossible à contenir ou à canaliser. Une, deux, dix, vingt phrases autistes. Le directeur de cabinet et le porte-plume regardent et écoutent, impassibles. On les imagine capables d’assister à un interrogatoire musclé arborant le même masque, celui des gens de pouvoir qui observent comment on meurt en direct et ne bronchent pas. Le spectacle des combats de gladiateurs.
Je sens l’air glacial que transportent avec eux ceux qui, d’un geste du pouce, tuent ou épargnent. Poursuite du monologue. Logorrhée interminable. Vacheries lancées comme le jet de fiel d’une bile malade ou comme un venin pulsé par le projet du meurtre. Hâbleur, provocateur, sûr de lui en excitant l’adversaire à se battre, il affirme en substance : « Alors, on vient voir le grand démagogue alors qu’on n’est rien du tout et, en plus, on vient se jeter dans la gueule du loup… » !
Je fais une phrase. Elle est pulvérisée, détruite, cassée, interdite, morcelée : encore du cynisme sans élégance, toujours des phrases dont on sent qu’il les souhaiterait plus dangereuses, plus mortelles sans parvenir à trouver le coup fatal. La haine ne trouve pas d’autre chemin que dans cette série d’aveux de blessure. J’avance une autre phrase. Même traitement, flots de verbes, flux de mots, jets d’acides. Une troisième. Idem. Je commence à trouver la crise un peu longue. De toute façon démesurée, disproportionnée.
Si l’on veut être Président de la République, si l’on s’y prépare depuis le berceau, si l’on souhaite présider les destinées d’un pays deux fois millénaires et jouer dans la cour des grands fauves de la planète, si l’on se prépare à disposer du feu nucléaire, si l’on s’expose depuis des années en s’invitant tous les jours dans les informations de toutes les presses, écrites, parlées, photographiées, numérisées, si l’on mène sa vie publique comme une vie privée, et vice versa, si l’on aspire à devenir le chef des armées, si l’on doit un jour garantir l’Etat, la Nation, la République, la Constitution, si, si, si, alors comment peut on réagir comme un animal blessé à mort, comme une bête souffrante, alors qu’on a juste à reprocher à son interlocuteur un blog confidentiel peu amène , certes, mais inoffensif ?
Car je n’ai contre moi, pour justifier ce traitement disproportionné , que d’avoir signalé dans une poignée de feuillets sur un blog , que le candidat aux présidentielles me semblait très récemment et fort fraîchement converti à De Gaulle, au gaullisme, à la Nation, à la République, que ses citations de Jaurès et Blum apparaissaient fort opportunément dans un trajet d’une trentaine d’années au cours desquelles ces grands noms étaient introuvables dans ses interventions , questions qui, au demeurant, rendaient possible un débat, et que c’était d’ailleurs pour ces raisons que nous étions là, Alexandre Lacroix, Nicolas Truong et moi….
Cette colère ne fut stoppée que par l’incidence d’une sonnerie de téléphone portable qui le fit s’éloigner dans la pièce d’à côté. Tout en se déplaçant, il répondait avec une voix douce, tendre, très affectueuse, avec des mots doux destinés très probablement à l’un de ses enfants. Le fauve déchaîné tout seul devenait un félin de salon ronronnant de manière domestique. En l‘absence du ministre, je m’ouvre à mes deux comparses en présence des deux siens et leur dit que je ne suis pas venu pour ce genre de happening hystérique et que j’envisage de quitter la place séance tenante…
J’étais venu en adversaire politique, certes, la chose me paraissait entendue, et d’ailleurs plutôt publique, mais ceci n’excluait pas un débat sur le fond que je souhaitais et que j’avais préparé en apportant quatre livres enveloppés dans du papier cadeau ! Quiconque a lu Marcel Mauss sait qu’un don contraint à un contre don et j’attendais quelque chose d’inédit dans ce potlatch de primitifs post-modernes …
Vaguement liquéfié, et sibyllin, le tandem de l’équipe de Philosophie magazine voyant leur scoop s’évaporer dans les vapeurs du bureau propose, dès le retour du Ministre, que nous passions à autre chose et que j’offre mes cadeaux… Je refuse en disant que les conditions ne sont pas réunies pour ce genre de geste et que, dans tous les sens du terme, il ne s’agit plus de se faire de cadeaux.
« Passons alors à des questions ? A un débat ? Essayons d’échanger ? » tentent Alexandre Lacroix et Nicolas Truong. Essais, ébauche. En tiers bien à la peine, ils reprennent leurs feuilles et lancent deux ou trois sujets. La vitesse de la violence du ministre est moindre, certes, mais le registre demeure : colère froide en lieu et place de la colère incandescente, mais colère tout de même.
Sur de Gaulle et le gaullisme récent, sur la Nation et la République en vedettes américaines – disons le comme ça…- de son discours d’investiture , sur la confiscation des grands noms de gauche, sur l’Atlantisme ancien du candidat et son incompatibilité avec la doctrine gaullienne, le débat ne prend pas plus . Il m’interpelle : « quelle est ma légitimité pour poser de pareilles questions ? Quels sont mes brevets de gaullisme à moi qui parle de la sorte ? Quelle arrogance me permet de croire que Guy Môcquet appartient plus à la gauche qu’à la France ? ». Donc à lui…
Pas d’échanges, mais une machine performante à récuser les questions pour éviter la franche confrontation. Cet homme prend toute opposition de doctrine pour une récusation de sa personne. Je pressens que, de fait, la clé du personnage pourrait bien être dans l’affirmation d’autant plus massive de sa subjectivité qu’elle est fragile, incertaine, à conquérir encore. La force affichée masque mal la faiblesse viscérale et vécue. Aux sommets de la République, autrement dit dans la cage des grands fauves politiques, on ne trouve semble-t-il qu’impuissants sur eux-mêmes et qui, pour cette même raison, aspirent à la puissance sur les autres. Je me sens soudain Sénèque assis dans le salon de Néron…
Habilement, les deux compères tâchent de reprendre le cours des choses, d’accéder un peu aux commandes de ce débat qui n’a pas eu lieu et qui, pour l’instant, leur échappe totalement. De fait, l’ensemble de cette première demi-heure se réduisait à la théâtralisation hystérique d’un être perdu corps et âme dans une danse de mort autour d’une victime émissaire qui assiste à la scène pendant que, de part et d’autre des deux camps, deux fois deux hommes assistent, impuissants, à cette scène primitive du chef de horde possédé par les esprits de la guerre. Grand moment de transe chamanique dans le bureau d’un Ministre de l’intérieur aspirant aux fonctions suprêmes de la République ! Odeurs de sang et de remugles primitifs, traces de bile et de fiel, le sol ressemble à la terre battue jonchées d’immondices après une cérémonie vaudoue…
Tout bascule quand nous entamons une discussion sur la responsabilité, donc la liberté, donc la culpabilité, donc les fondements de la logique disciplinaire : la sienne . Nicolas Sarkozy parle d’une visite faite à la prison des femmes de Rennes. Nous avons laissé la politique derrière nous. Dès lors, il ne sera plus le même homme. Devenant homme, justement, autrement dit débarrassé des oripeaux de son métier, il fait le geste d’un poing serré porté à son côté droit du ventre et parle du mal comme d’une chose visible, dans le corps, dans la chair, dans les viscères de l’être.
Je crois comprendre qu’il pense que le mal existe comme une entité séparée, claire, métaphysique, objectivable, à la manière d’une tumeur, sans aucune relation avec le social, la société, la politique, les conditions historiques. Je le questionne pour vérifier mon intuition : de fait, il pense que nous naissons bons ou mauvais et que, quoi qu’il arrive, quoi qu’on fasse, tout est déjà réglé par la nature.
A ce moment, je perçois là la métaphysique de droite, la pensée de droite, l’ontologie de droite : l’existence d’idées pures sans relations avec le monde. Le Mal, le Bien, les Bons, les Méchants, et l’on peut ainsi continuer : les Courageux, les Fainéants, les Travailleurs, les Assistés, un genre de théâtre sur lequel chacun joue son rôle, écrit bien en amont par un Destin qui organise tout. Un Destin ou Dieu si l’on veut. Ainsi le Gendarme, le Policier, le Juge, le Soldat, le Militaire et, en face, le Criminel, le Délinquant, le Contrevenant, l’Ennemi. Logique de guerre qui interdit toute paix possible un jour.
Dès lors, ne cherchons pas plus loin, chacun doit faire ce pour quoi il a été destiné : le Ministre de l’Intérieur effectue son travail, le Violeur le sien, et il en va d’une répartition providentielle (au sens théologique du terme) de ces rôles. Où l’on voit comment la pensée de droite s’articule à merveille avec l’outillage métaphysique chrétien : la faute, la pureté, le péché, la grâce, la culpabilité, la moralité, les bons, les méchants, le bien, le mal, la punition, la réparation, la damnation, la rédemption, l’enfer, le paradis, la prison, la légion d’honneur, etc.
J’avance l’idée inverse : on ne choisit pas, d’ailleurs on a peu le choix, car les déterminismes sont puissants, divers, multiples. On ne naît pas ce que l’on est, on le devient. Il rechigne et refuse. Et les déterminismes biologiques, psychiques, politiques, économiques, historiques, géographiques ? Rien n’y fait. Il affirme : « J’inclinerais pour ma part à penser qu’on naît pédophile, et c’est d’ailleurs un problème que nous ne sachions soigner cette pathologie-là. Il y a 1200 ou 1300 jeunes qui se suicident en France chaque année, ce n’est pas parce que leurs parents s’en sont mal occupés ! Mais parce que génétiquement ils avaient une fragilité, une douleur préalable. Prenez les fumeurs : certains développent un cancer, d’autres non. Les premiers ont une faiblesse physiologique héréditaire. Les circonstances ne font pas tout, la part de l’inné est immense ». « Génétiquement » : une position intellectuelle tellement répandue outre-Atlantique !
La génétique, l’inné, contre le social et l’acquis ! Les vieilles lignes de partage entre l’individu responsable de tout, la société de rien qui caractérise la droite, ou la société coupable de tout, l’individu de rien, qui constitue la scie musicale de la gauche … Laissons de côté la théorie. Je passe à l’exemple pour mieux tâcher de montrer que le tout génétique est une impasse autant que le tout social. Face à cet aveu de lieu commun intellectuel, je retrouve naturellement les techniques socratiques du lycée pour interpeller, inquiéter et arrêter l’esprit, capter l’attention de mon interlocuteur qui, de fait, semble réellement désireux d’avancer sur ce sujet.
J’argumente : Lui dont chacun sait l’hétérosexualité – elle fut amplement montrée sur papier couché, sinon couchée sur papier montré…-, a-t-il eu le choix un jour entre son mode de sexualité et un autre ? Se souvient-il du moment où il a essayé l’homosexualité, la pédophilie, la zoophilie, la nécrophilie afin de décider ce qui lui convenait le mieux et d’opter, finalement, et en connaissance de cause, pour l’hétérosexualité ? Non bien sûr. Car la forme prise par sa sexualité est affaire non pas de choix ou de génétique, mais de genèse existentielle. Si nous avions le choix, aucun pédophile ne choisirait de l’être…
L’argument le stoppe. Il me semble qu’à partir de ce moment, le candidat aux présidentielles, le ministre de l’intérieur, l’animal politique haut de gamme laisse le pas à l’homme, fragile, inquiet, ostensiblement hâbleur devant les intellectuels, écartant d’un geste qui peut être méprisant le propos qui en appelle aux choses de l’esprit, à la philosophie, mais finalement trop fragile pour s’accorder le luxe d’une introspection ou se mettre à la tâche socratique sans craindre de trouver dans cette boîte noire l’effroyable cadavre de son enfance.
Dans la conversation, il confie qu’il n’a jamais rien entendu d’aussi absurde que la phrase de Socrate « Connais-toi toi-même ». Cet aveu me glace – pour lui. Et pour ce qu’il dit ainsi de lui en affirmant pareille chose. Cet homme tient donc pour vain, nul, impossible la connaissance de soi ? Autrement dit, cet aspirant à la conduite des destinées de la nation française croit qu’un savoir sur soi est une entreprise vaine ? Je tremble à l’idée que, de fait, les fragilités psychiques au plus haut sommet de l’Etat, puissent gouverner celui qui règne !
Lors de sa parution, j’avais lu Le pouvoir et la vie de Valéry Giscard d’Estaing qui racontait ses crises d’angoisse, ses inhibitions le paralysant dans son véhicule militaire de parade le 14 juillet sur les Champs Elysées, ses prétextes pour quitter le conseil des ministres afin de subir une injection de calmant, son désir de se faire psychanalyser (par Lacan !) pendant son septennat, etc. Je me souvenais de confidences faites par tel ami bien informé sur l’état psychique fort peu reluisant de Jacques Chirac après la dissolution et sur le type de traitement psy qu’il suivait à cette époque. Je me rappelais la fin d’un François Mitterrand , entre voyantes et reliques de sainte Thérèse, invocations des forces de l’ esprit , croyance en l’ au-delà et abandon aux médecines de perlimpinpin.
Et je voyais là, dans le regard devenu calme du fauve épuisé par sa violence, un vide d’homme perdu qui, hors politique, se défie des questions car il redoute les réponses, et qui, dès qu’il sort de son savoir faire politicien, craint les interrogations existentielles et philosophiques car il appréhende ce qu’elles pourraient lui découvrir de lui qui court tout le temps pour n’avoir pas à s’arrêter sur lui-même.
Les soixante minutes techniquement consenties s’étaient allongées d’une trentaine d’autres. Les deux rôles en costumes qui le flanquaient jouaient le sablier. Je trouvais l’heure venue pour offrir mes cadeaux. Au ministre de l’intérieur adepte des solutions disciplinaires : Surveiller et punir de Michel Foucault ; au catholique qui confesse que, de temps en temps, la messe en famille l’apaise : L’Antéchrist de Nietzsche ; pour le meurtre du père, le chef de la horde primitive : Totem et tabou de Freud ; pour le libéral qui écrit que l’antilibéralisme c’est « l’autre nom du communisme » ( il dit n’avoir pas dit ça, je sors mes notes et précise le livre, la page…) : Qu’est-ce que la propriété ? de Proudhon. Comme un enfant un soir de Noël, il déchire avidement. Il ajoute : « j’aime bien les cadeaux ». Puis : « Mais je vais donc être obligé de vous en faire alors ? »… Comme prévu.
Dans l’entrebâillement de la porte de son bureau, la tension est tombée. Qui prend l’initiative de dire que la rencontre se termine mieux qu’elle n’a commencé ? Je ne sais plus. Il commente : « Normal, on est deux bêtes chacun dans notre genre, non ? Il faut que ça se renifle des bêtes comme ça… ». Je suis sidéré du registre : l’animalité, l’olfaction, l’odorat. Le degré zéro de l’humanité donc. Je le plains plus encore. Je conçois que Socrate le plongerait dans des abîmes dont il ne reviendrait pas… Du moins : dont l’homme politique ne reviendrait pas. Ou, disons le autrement : dont l’homme politique reviendrait, certes, mais en ayant laissé derrière lui sa défroque politique pour devenir enfin un homme.
Alors que ses cerbères le prennent presque par la manche, il manifeste le désir de continuer cette conversation, pour le plaisir du débat et de l’échange, afin d’aller plus loin. Tout de go, il me propose de l’accompagner, sans journalistes – il fait un mouvement de bras dans la direction des comparses de Philosophie magazine comme pour signifier leur congé dans un geste qui trahit ce qu’il pense probablement de toute la corporation… Je refuse. Une autre fois ? Les deux amis ont leurs deux paires d’yeux qui clignotent comme des loupiotes…Voyons donc pour plus tard… Dernier mot de Nicolas Sarkozy en forme de lapsus, il est mouvement vers la sortie : « Je suis quand même un drôle de type, non ? Je dois convaincre soixante-cinq millions de français, et je vous dis, là, que je voudrais continuer la conversation ! Hein ? Non ? Il n’y a pas autre chose à faire ? Quand même… ». Soixante-cinq millions c’est le nombre des français à convaincre d’amour, pas celui des électeurs à convaincre de voter…"

mardi 5 juin 2007

Mardi 04 juin, 11h30:Un aparté ,de plus de deux heures , en quelques mots;)

Une intuition, ce n’est pas grand chose. De l’ineffable en suspension. Mais ça suffit parfois à engager une vie...

la valeur de l'intelligence vécue comme un service et non comme un gargarisme.

A force de vouloir écrire, on a cessé d'agir.Terrible constat.

Soupir, parce que la VIE,cette réalité tellement ténue ce n'est pas du jeu de mot ni du gargarisme intellectuel pour natures narcissiques.

En traitant de Thermidor, un historien disait qu'on ne pouvait pas s'exempter d'étudier des évènements historiques sous prétexte qu'ils suscitent de la répugnance. C'est dans cet état d'esprit que nous allons devoir aborder maintenant le milieu select et huppé de cette caste d'individus qui se définissent eux mêmes comme des “intellectuels”. Nous y sommes forcés parce qu'ils sont les meilleurs représentants de l'idéologie dominante.

Si vous pensez naïvement que quiconque utilise son cerveau fait un travail intellectuel, jetez vos illusions aux oubliettes ! De nos jours, n'est pas intellectuel qui veut et tout le monde n'est pas autorisé à le faire savoir. Pour reprendre Coluche, il y a les milieux autorisés à penser et les autres ...De même qu'il y a des maçons, des ingénieurs, des électriciens, ou des instituteurs, il existe dans nos contrées des gens qui s'affichent très sérieusement sous le titre “d'intellectuels”, et croyez le ou non, ça ne fait rire personne ...

Mais d'abord, où trouver un intellectuel ? si vous en manquez dans votre entourage (peu probable toutefois au regard du nombre de névrotiques de la masturbation intellectuelle), allumez simplement la télé : vous aurez huit chances sur dix de tomber sur l'intellectuel en poste ce jour là, de ces intellos qui écument les plateaux télé et sont toujours disposés à faire étalage de leurs inépuisables ressources en solidarité et humanitarisme ,surtout lorsqu'il s'agit des ressources des autres.

Observez le bien alors votre “intellectuel multimédia du jour”, calé dans un fauteuil gagné à la sueur de sa langue, péter en direct sa dernière pensée creuse ou bien, la bouche pleine de solidarité, roter d'un air pensif le dernier renvoi d'humanitarisme gazeux qui lui titille le diaphragme : “Mr Bidule, vous êtes donc un intellectuel ...” lancera le présentateur homologué sur un ton compassé. Et l'autre, torse droit, yeux levés, air inspiré et sourcil en arrêt “voui” (qu'y répondra du bout des lèvres) et d'enchaîner en logorrhée mots creux, idéaux en soldes et vide pneumatique ...tout en songeant in pectore qu'il doit aller faire pisser son chien en rentrant le soir.

Entre deux renvois, l'intellectuel multimédia humanitaire (hum) et solidaire (hum hum ...) appellera avec passion à la mobilisation sur les grandes valeurs qu'il aura prises en bains de bouche dès le matin (contre ses aphtes) et d'un gargarisme à l'autre crachera en passant le laïus réglementaire sur la petite bourgeoisie prévu dans son script communicationnel. Petit florilège :

“Il est temps que notre mouvement abandonne ses positions petites-bourgeoises” : attention : la position de la bouche doit exprimer le mépris dans le jeu d'acteur ;

“Cette frilosité petite-bourgeoise est la marque d'un esprit rétrograde” : ici rehausser le mouvement de la bouche d'un ton professoral un peu marqué et décorer le discours de quelques mots kitsch comme “créatif”, “innovant” ou “imaginatif” ;

“Quelle absurde petite mentalité petite-bourgeoise”. Alors là c'est le KO final, mouvement de la bouche + ton professoral solennel + deux fois l'adjectif petit en marquant bien les explosives SVP : l'intellectuel humanitaire et solidaire vient de donner ce qu'il a de meilleur.

Ah Coluche et Guareschi comme vous nous manquez pour tirer le portrait à ces gens qui prétendent sans rire penser à notre place !

Ce qui me fait penser à une petite phrase de R.Barthes(puisse t -on encore affirmer qu'il eut de "petites" phrases!)au sujet des Intellectuels : "ils sont plutôt le déchet de la société, le déchet au sens strict, c'est-à-dire ce qui ne sert à rien, à moins qu'on ne les récupère"
Roland Barthes (1915 - 1980) - Le grain de la voix - Entretiens 1962-1980.

dimanche 3 juin 2007

Mozart était un pirate?

Le Miserere d’Allegri était jalousement gardé par la maîtrise de la chapelle Sixtine à Rome. Pour s’en assurer l’exclusivité, le pape Urbain VIII et ses successeurs avaient interdit la copie et réservé l’exécution à la seule enceinte de la chapelle Sixtine. Les partitions de la messe demeuraient secrètes et quiconque parmi les auditeurs était surpris à prendre des notes était expulsé de la chapelle.

À l’âge de 14 ans, Mozart fit un voyage en Italie. Le 11 avril 1770, Mozart et son père assistèrent à la chapelle Sixtine au célèbre Miserere d’Allegri. Après cette unique audition, Wolfgang rentra chez lui et reproduisit les neufs voix du Misere sur partition qui depuis a fait le tour du monde. L’oeuvre entière était gravée dans sa prodigieuse mémoire après une seule écoute !

Grâce à Mozart, cette oeuvre merveilleuse est enfin passée dans le domaine public pour nous parvenir aujourd’hui.

Dand le contexte legislatif qui se met en place aujourd’hui pour contrôler le libre échange sur le net, un tel exploit vaudrait au jeune prodige d’être arrêté pour « copie illicite » et « diffusion sans autorisation d’une oeuvre protégée ».

A bon entendeur, musique !

L'exposé: LE LABYRINTHE DE DEDALE

LE LABYRINTHE DE DEDALE


Nous sommes tous des Thésée en partance pour le labyrinthe.


« Ce n’est pas le soleil qui éclaire l’aventurier mais la torche qu’il tient dans sa main. » André Malraux in « le Démon de l’absolu »

J’ouvre aujourd’hui, pour vous, la porte de mon labyrinthe. Si vous vous y perdez, c’est que je m’y suis moi-même perdue. Bonne chasse.

Chercher, se documenter, lire, analyser, interpréter, comparer, compiler, synthétiser : voilà les ingrédients que nous utilisons pour rédiger nos exposés. Mais la Question fondamentale reste, cependant, ouverte : qui finalement pense quoi ? Et qui a seulement le temps d’authentifier réellement ses sources ?

La rédaction d’un exposé est un labyrinthe. Un labyrinthe où la pensée des autres alimente le propre courant de réflexion de l’auteur sans pour autant s’y substituer. Sans s’y substituer si l’auteur veille à ne pas se laisser aveugler par de séduisantes citations ou de bons mots.

Nos exposés sont des labyrinthes où l’on ne peut compter que sur nous-mêmes pour faire jaillir la carte maîtresse d’une idée, pour nous guider vers le centre même de cette idée. C’est toujours l’idée, elle-même, avec laquelle nous faisons corps quand nous l’étudions, qui illumine notre route. L’idée, cet astre accroché au zénith de notre libre pensée, cette pensée intraduisible que nous nommons le symbole.

« Labor intus » : travaille en dedans.

Du labyrinthe, j’ai tout de même retenu pour vous deux citations. La première est tirée du dictionnaires des symboles : « L’essence même du labyrinthe est de circonscrire dans le plus petit espace possible l’enchevêtrement le plus complexe de sentiers et de retarder ainsi l’arrivée du voyageur au centre qu’il veut atteindre. » L’auteur n’est pas cité. La deuxième est de Daniel Beresniak : « La labyrinthe est, depuis la nuit des temps, représenté comme l’image de l’espace qui sépare une demande de la satisfaction. » Voilà pour les citations. Fermons le ban.

Le labyrinthe de mon exposé débute par une devinette : J’ai trois voies. La première voie mène directement au centre, la seconde n’y mène qu’au prix d’un long et périlleux voyage et la troisième ne mène nulle part. Qui suis-je ?

Selon la tradition, il existe en effet trois voies offertes au voyageur à l’entrée d’un labyrinthe. Celui qui désire s’y engager doit en choisir une.

Pour l’éveillé, celui qui rêve sa vie dans la lumière crue de la réalité, celui qui s’obstine à ne vouloir subir une vie que d’autres ont choisi pour lui à sa place, pour celui-là, chaque jour passé en ce monde exige de lui qu’il se détermine, qu’il choisisse chaque étape de sa destinée. Qu’il en choisisse les petites comme les grandes. De la couleur du vêtement qu’il porte aujourd’hui comme de la remise en cause de ses certitudes les plus intimes et des actes qui en découleront raisonnablement.

Chaque jour impose à l’Homme debout, à l’homme épris de liberté, l’épreuve du labyrinthe. L’épreuve par laquelle, il réussit ou non à mettre en adéquation ses pensées et ses actes.

Accepter l’épreuve du labyrinthe, c’est accepter le danger de vivre, le danger de s’émanciper, le danger d’être libre.

Refuser l’épreuve du labyrinthe, c’est se condamner à l’immobilisme, à la stagnation, à la putréfaction, à l’errance dans les méandres de la misère morale. C’est se condamner à ce que certains nomment l’Enfer.

Entre la naissance et la mort s’étire le chemin de la vie. Ce chemin est parsemé d’embûches, de paris à relever et de décisions à prendre. Nous sommes perpétuellement en route pour des carrefours hérissés de panneaux indicateurs alléchants : « Succès par ici ». « Bonheur par là ». « bonne santé prendre à gauche ». « Argent prendre à droite ». « Félicité en avant toute. »

A première vue, les décisions quotidiennes qu’il faut prendre sont souvent anodines. Mais aussi imperceptible puisse être le changement de cap initial, il nous engage et chacun de nos choix peut modifier radicalement le tracé de notre route. Entre le maintien du cap et la dérive, nos voies sont innombrables et n’appartiennent qu’à nous seuls. Chacun y trace un sillon unique en fonction de sa naissance et de ses connaissances.

« Fata viam invenient » Les destins trouveront bien leurs voies.

Quelquefois je dérive au gré du vent, quelquefois je rame à contre courant, quelquefois j’arrive à bon port. Mais sitôt arrivé, je dois encore et encore appareiller jusqu’à mon ultime voyage qui me déposera à l’aube sur le rivage éternel.

Puisque la vie est un labyrinthe dont nous connaissons l’issue fatale, il vaut mieux le parcourir dans la joie : vivre heureux plutôt que malheureux. Et ce bonheur que nous cherchons, nous le découvrons en parcourant notre labyrinthe ; en le parcourant sans peur.

Trouver le bon chemin qui mène au centre de notre Être intime, se réconcilier avec nous-mêmes, y ressentir notre vie palpiter, ressortir à la lumière remplis de cette vérité simplissime et vivre au rythme de l’existence unique du cosmos : c’est ce que propose la représentation symbolique du labyrinthe.

Je suis posté à l’entrée du labyrinthe. Maintenant je sais que pour m’accomplir, je ne peux y échapper alors je veux y entrer mais, il y a une inscription effrayante gravée sur le frontispice : « Arrête ! ici commence le royaume de la mort. » Je ne suis guère rassuré et je préfère différer mon voyage. Je m’assois sur une pierre face à l’entrée ; je réfléchis. Il y a trois voies. Laquelle prendre ? La première qui mène directement au centre, la seconde qui n’y mène qu’au prix d’un long et périlleux voyage ou la troisième qui ne mène nulle part ?

Si j’emprunte la première voie qui m’est offerte, celle qui mène directement au centre - la voie royale - mon innocence saura me guider sans douter au cœur du labyrinthe. Aussi sûrement qu’une flèche se plante au centre de sa cible quand l’archer qui la décoche fait le vide dans son esprit à l’instant où il tire.

Si j’emprunte la deuxième voie, celle qui mène au centre au prix d’un long et périlleux voyage, mon instinct de survie saura me dicter à chaque embûche des ordres rapides, précis, sans me laisser le temps de les passer au crible de mon intellect. Je livrerai bataille. Je lutterai pour ma vie et je serai victorieux.

Mais si j’emprunte la troisième voie, celle qui ne mène nulle part, c’est la peur d’échouer qui me fera courir à l’aveuglette dans les méandres du dédale, dans les corridors de l’illusion, les faux raccourcis, les chicanes et leurs impasses.

Je courrai dans la panique et l’effroi, me cognant au hasard des cloisons qui me contiennent, vers un centre que je ne peux voir et qui se dérobe interminablement à ma vue et à ma volonté.

J’échouerai. Je resterai prisonnier du labyrinthe comme la bête qu’on y a enfermé pour me trouver et pour me dévorer.

Mais je n’ai pas peur. La bête ne me fait pas peur. Je suis décidé à emprunter la première voie, celle qui mène directement au centre. Quel fou, d’ailleurs, souhaiterait emprunter une autre voie que celle qui mène directement au centre ? De plus, je suis bien décidé à trouver la bête et à la vaincre. Mais que trouverais-je dans le labyrinthe en guise de bête ? En guise d’adversaire ? Moi-même. Cet autre moi qui me fait obstacle dans ma progression vers la lumière et la liberté.

Tout cela est bien réfléchi mais en attendant, les trois portes, les trois entrées, les trois couloirs qui s’enfoncent dans la nuit et dont je ne distingue que les premiers mètres, sont rigoureusement identiques. Rien ne les différencie. Aucun indice même minime, aucun signe. Rien. Je suis seul, livré en pâture à moi-même. Seul. Seul dans le combat que se livrent mes deux natures : l’ange et la bête.

En me posant la question de la nécessité du choix à faire et de la bonne voie à prendre, je me rends bien compte que je suis déjà entré dans le labyrinthe. Le labyrinthe est une question sans fin. Tant que des questions se posent à moi, je suis prisonnier du labyrinthe. Par contre, la sérénité est un espace ouvert sur le monde où les questions ne se posent plus. Un espace où je pourrais agir sans tension pour la paix, le bien et la justice. Un espace à conquérir sitôt que je serai sorti de mon labyrinthe.

Partir tranquillement d’un point A vers un point Z et se retrouver tout à fait par hasard à un point Oméga inconnu, cela nous rappelle tous quelque chose. Qui n’a jamais été détourné de sa route ? Qui ne s’est jamais perdu dans une ville sans plan ? Dans une forêt profonde sans boussole ? Qui n’en a pas tiré un enseignement véritable pour lui-même ?

Voici venu le temps de vous raconter l’histoire du Minotaure :

Minos, Roi de Crête, devait sacrifier un taureau blanc au dieu Poséïdon mais préféra le garder dans son troupeau. Caprice de Roi. Poséïdon se vengea sur la femme de Minos, Pasiphaé, qui nourrit soudain une passion sans limite pour le taureau blanc. De leurs nombreux accouplements clandestins naquit bientôt un monstre, mi-homme, mi bête : le Minotaure. Un homme à tête de taureau noir. Un enfant illégitime sanguinaire, du nom d’Astéros (l’étoile), qu’il valait mieux cacher et bien cacher en un lieu secret. On cacha donc l’étoile au fond d’un labyrinthe pour la rendre inaccessible.

Pour cela, le Roi Minos fit appel au plus talentueux artiste de son temps, Dédale, pour qu’il construise un palais dans la ville de Cnossos et y enferme durablement le Minotaure. Dédale imagina un palais-prison dont le monstre ne pourrait s’enfuir : un labyrinthe à ciel ouvert qui fut aussitôt appelé le « Palais de la double hache ».

Double hache : un avertissement à double tranchant : symbole des énergies contraires du labyrinthe : destructrice et protectrice à la fois. Du labyrinthe, Palais de la vie et de la mort. De la vie, avec un grand V, promise à qui en ressortirait sain et sauf et de la mort certaine à qui y périrait perdu ou dévoré par le Monstre. Par le Minotaure, cet autre et terrifiant nous-mêmes ; notre image inversée ; notre négatif.

Le Minotaure se nourrit de chair humaine. Il se tient au centre du labyrinthe pour y attendre ses victimes. Pour satisfaire à ses besoins, chaque année, Égée, le Roi d’Athènes, est contraint d’envoyer par la mer, sept jeunes filles et sept jeunes garçon en Crète pour qu’il lui soient jetés en pâture. Aucun n’en sort jamais vivant jusqu’au jour où un héros, Thésée, embarque parmi les victimes au départ d’Athènes, bien décidé à en découdre avec la bête et soulager ainsi les souffrances de ses sœurs et de ses frères.

Nous sommes tous des Thésée en partance pour le labyrinthe, prêts à tuer la bête primitive qui sommeille en nous. Cet animal brutal, pulsionnel, cannibale. Ce danger latent que nous sommes pour autrui ; ce danger latent qui gronde de douleur enfermé dans nos forteresses du silence. Notre « ça » écrasé quotidiennement par la pression sociale et qui réclame son tribut de violence, de haine, de sang. Cette énergie primordiale qu’il nous faut dompter librement pour qu’elle ne tombe pas aux mains des marchands d’illusions et des entreprises totalitaires toujours prêts à exploiter nos bassesses.

Thésée entre dans le labyrinthe et tue le Minotaure. Mais il lui faut encore ressortir du labyrinthe comme il nous faut nous-mêmes en sortir une fois soldés nos comptes avec nos êtres intimes.

Ah l’amour est d’un grand secours ! Le roi Minos à une fille, Ariane. Ariane, follement amoureuse de Thésée, lui a donné en cachette une bobine de fil à l’entrée du labyrinthe. Fil providentiel que Thésée déroule sur ses pas dans le dédale comme le petit Poucet sèmera plus tard ses cailloux dans la forêt pour retrouver sa route.

Fil d’Ariane, fil fragile de l’existence, grâce divine, amour d’une femme qui permet au héros de retrouver sans encombre la sortie du labyrinthe. Sans Ariane, Thésée, pourtant victorieux du Minotaure - sa nature profonde - se serait égaré, serait mort. L’homme organise le mystère au centre du labyrinthe. La femme en révèle l’issue secrète. Une bonne association.

Thésée et Ariane ont déjà pris la fuite par la mer. Le roi Minos est furieux du meurtre du Minotaure. C’est Dédale, l’architecte du labyrinthe, qui va trinquer à la santé du roi. Il faut dire que Dédale est complice. C’est lui qui a eu l’idée du fil d’Ariane. En guise de châtiment, Minos fait enfermer Dédale et son fils Icare dans le labyrinthe.

Mais une fois de plus, le génial Dédale se met à l’oeuvre. Il fabrique cette fois des ailes avec des plumes et de la cire.

Le père et le fils s’échappent du labyrinthe par la voie des airs. Mais Icare vole trop près du soleil. La cire fond, ses ailes brûlent. Icare retombe dans la mer, meurt. Avis aux amateurs. S’évader du labyrinthe en trichant présente aussi du danger. Seul l’initié, le sage, a peut-être (et je n’en suis même pas sûr) la possibilité d’y écourter son séjour dés lors qu’il en imagine l’issue.

La mythologie raconte que Thésée victorieux devint Roi et eût un rôle politique important, civilisateur. Celui qui sort victorieux du Labyrinthe, celui-là, s’il ne devient pas un bourreau pour ses semblables, deviendra une autorité naturelle et équitable : une véritable source de chaleur.

Depuis que les hommes ont exploré les recoins de leurs cavernes et exorcisé leurs peurs en y peignant des fauves de tous poils, les représentations du labyrinthe sont devenues communes à pratiquement toutes les civilisations.

Partout le labyrinthe y est synonyme d’un système de défense dissuasif et protecteur pour les trésors, les sépultures, les lieux de cultes, les enseignements sacrés. Partout le labyrinthe est devenu un rempart efficace contre les profanateurs. Pensons, par exemple, aux labyrinthes nichés aux coeurs des pyramides Égyptiennes qui protégeaient jadis les tombeaux des Pharaons et qui protègent toujours ceux dont ignorons l’existence.

Par essence, le labyrinthe ne permet l’accès au centre qu’aux seuls initiés. Il figure ainsi le voyage et les épreuves initiatiques du profane qui tente de s’approcher du centre caché dans lequel se trouve le symbole sacré. Un symbole bien défendu dont il lui faut encore percer les arcanes avant de retrouver le chemin de la liberté de penser.

Le labyrinthe de la liberté à de multiples accès. Mais Il existe un autre labyrinthe : le labyrinthe a une seule voie. C’est un labyrinthe paradoxal car nous ne pouvons nous y perdre. C’est le labyrinthe chrétien tracé sur le pavé des nefs de nos cathédrales. Seule la foi en Dieu nous y guide. C’est l’unique voie. L’unique voie qu’il nous faut parcourir, longue et sinueuse pour rejoindre la Jérusalem céleste. La maison de Dieu qui réside dans le cœur du fidèle. L’entrée représente la naissance, la circonvolution, le chemin de la vie et le centre, la mort. Point d’erreur de parcours possible mais point d’issue non plus. Le dogme religieux régente ici la vie du croyant toute entière.

J’ai voulu parcourir les labyrinthes de Chartres et d’Amiens mais des prie-Dieu les recouvraient ces jours là. Sans doute les jours suivants aussi car les labyrinthes d’église ont perdu depuis longtemps leurs fonctions initiales et sont destinés surtout à l’édition de cartes postales au profit des bonnes oeuvres des paroisses.

Bâtis au XIIe et XIIIe siècle par les Compagnons d’antant en même temps que les cathédrales qui les abritent, ces labyrinthes répondaient alors à une nécessité première : permettre à ceux qui ne pouvaient se rendre en pèlerinage ou en croisade jusqu’en terre sainte, de pouvoir, eux aussi, faire le voyage symboliquement sur le pavé de la nef. Ces labyrinthes s’appelaient d’ailleurs fréquemment « chemins de Jérusalem. » Le pénitent les parcourait à genoux en récitant des prières.

Beaucoup de ces labyrinthes ont été détruits et il semble trop facile de faire endosser le saccage à la seule ferveur révolutionnaire. L’église elle-même ne s’est pas gênée pour effacer ses propres labyrinthes car ils étaient souvent la signature des confréries de maçons ou des architectes qui avaient construit leurs cathédrales.

Au-delà du chiffre, des prouesses architecturales et d’un florilège d’interprétations, il apparaît clairement, que le labyrinthe a une voie n’a pas tenu ses promesses. L’église catholique qui en fut l’ordonnatrice ne pu maîtriser un symbole aussi ancien, puissant et utile à la réalisation de l’homme libre. Elle ne pu maîtriser le symbole à ce point qu’elle désira s’en débarrasser. Le labyrinthe a une seule voie est resté avant tout le symbole du labyrinthe avec un grand L. Et personne, malgré les prédications des prêtres, ne pu vraiment tout à fait oublier la légende d’un Minotaure même déguisé grossièrement en Satan de carnaval.

Il s’agissait alors de supprimer un système de représentation symbolique pré-chrétien qui répondait régulièrement aux noms de « labyrinthes de Salomon » ou de « Maisons de Dédale ». Appellations en effet gênantes pour un pouvoir sans partage...

La conclusion est brêve et le labyrinthe toujours prêt à nous engloutir : La liberté consiste à bien connaître ce qui nous asservit.

Langage et pouvoir chez Nietzsche

Langage et pouvoir chez Nietzsche


Problématique :
1/ Quelle est la position d’un philosophe comme Nietzsche, c’est-à-dire un penseur de la solitude et du surhumain, vis-à-vis de ce qu’il appelle « le langage grégaire » ? Le langage tel que nous le pratiquons (celui des philosophes ou le parler commun) est-il compatible avec sa propre pratique ?

2/ Quelle est la particularité du discours nietzschéen, et, partant son pouvoir : sa capacité de se poser en modèle, et / ou de résister au langage grégaire ?

Précaution :
Commencer une étude sur le langage et le pouvoir chez Nietzsche par l’exposé de son diagnostic du discours grégaire est une entreprise risquée. La force en effet ne saurait se définir par rapport à la faiblesse : en tant que force, elle ne se réfère qu’à elle-même, ou à une autre force. Dire « voici le discours grégaire : le grand style, c’est le contraire », reviendrait justement à adopter un point de vue …grégaire. Cette précaution prise , on comprendra que si nous commençons néanmoins par exposer l’aspect critique du travail de Nietzsche, c’est uniquement l’aspect critique du travail de Nietzsche, c’est uniquement pour des commodités de compréhension.

I.Le langage grégaire : impuissance et contrainte.

1.1La critique généalogique.

1.1.1 En quoi elle consiste.

Elle est une lecture des rapports de force qui sont à l’œuvre sous des états de faits apparemment simples. Faire la généalogie d’un jugement de valeur, c’est montrer comment les différentes forces qui sont à origine se sont produites -au sens théâtral- et quel était le conflit d’intérêt qui les opposait. Cf . Foucault : l’émergence dont rend compte la généalogie, c’est « l’entrée en scène des forces ; c’est leur irruption, le bond par lequel elles sautent de la coulisse sur le théâtre ».
Son objet par excellence est le langage courant, en tant qu’il inscrit en lui les évaluations dominantes. Le recours à l’étymologie, dans l’optique d’une généalogie du langage, vise ainsi à montrer quelles forces étaient à l’origine du jugement de valeur qui s’est cristallisé dans un mot. .Nietzsche dans ses dernières œuvres au moins, fait de la philologie une histoire des mots à caractère généalogique. Lorsqu’il écrit (avec raison) :
Je crois pouvoir interpréter le terme latin bonus comme « le guerrier » : à supposer que j’aie raison de ramener bonus au terme plus ancien de duonus (comparez bellum-duellum- duen-lum où me paraît être ce contenu ce duonus). Bonus serait donc l’homme de la discorde, du duel (duo), le guerrier : on voit ce qui faisait dans la Rome antique la « bonté » d’un homme.(1)
Ou même à tort :

Le latin malus (que je place à côté du gec mélas) pourrait avoir caractérisé l’homme du commun comme homme de couleur foncée, surtout comme homme aux cheveux noirs (« hic niger est »), puisque l’indigène pré-aryen du sol italique tranche le plus nettement par sa couleur sur la race blonde des conquérants aryens devenus ses maîtres ;(…)(2)

NOTES


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(1)La généalogie de la morale,I.

(2)M. Haar,Nietzsche et la métaphysique, p.116.


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Il est clair que son but en tant que généalogiste, est, se servant de l’étymologie, d’exhiber les conditions de surgissement d’un sens, les raisons de l’attribution d’un nom.

1.1.2 L’origine esthétique du langage et sa condition grégaire.

Haar : « le langage est un instrument d’occultation de l’expérience esthétique dont il est pourtant issu ».
Le langage est la traduction métaphorique dans la sphère apollinienne ( l’apparence) de la « musique dionysiaque », i.e. et de la « mélodie originelle des affects ». Traduction métaphorique, car il y a par trois fois saut d’une sphère à une autre : 1). Excitation nerveuse (= la musique dionysiaque)  image. 2) image sensible. Et chaque étape se paie par une réduction du particulier à l’identique, du divers à l’un. Le concept, dernière fabrication, est ainsi appelé le « sépulcre des intuitions ».
1.2 Diagnostic : « la maladie native du langage ».

1.2.1 Le langage réactif

Si le concept n’est qu’une construction humaine, donc complexe et superficielle, comment en est-on venu à croire qu’il était « la simple vue des choses qui se présentent à notre esprit » (Pascal)
C’est parce que la nécessité de vivre ensemble impose 1° une base de communication certaine, et 2° que le groupe en tant que tel se protège de l’irruption chaotique du nouveau, du déstabilisant, du contradictoire. Ce sont ces impératifs qui sont à l’origine des catégories logiques, des lois, des taxinomies et, généralement, de tout ce qui conjure le nouveau en le comparant à du déjà vu. Voilà pourquoi la communauté est un troupeau : parce qu’elle existe à cause de la peur de l’autre qui anime chacun de ses membres. Cette peur qui est au fondement de la vie en groupe, Nietzsche l’appelle "la volonté réactive" :
C’est grâce à l’invention des catégories logiques grammaticales et métaphysiques que triomphe le langage réactif.(...) C’est pour permettre à la volonté réactive de se maintenir que s’inevente la logique, c’est-à-dire la réduction à des "cas identiques". Cette schématisation, cette appropriation imaginaire du réel permet de fuir ses contradictions déconcertantes et de se protéger fictivement à l’abri d’identités stables et rassurantes.(2)
1.2.2 La grammaire, une métaphysique pour le peuple.

Pourquoi un si grossier subterfuge n’at-il pas sauté aux yeux du premier esprit critique venu ? Pourquoi a-t-il fallu attendre l’inevention de la généalogie ?
C’est parce qu’avec la grammaire, les catégories logiques et les concepts se sont logés au plus profond de notre manière de parler, donc déterminent notre manière de penser. On ne pense qu’en terme de sujet, de verbe, d’attribut...Par là, la présence de ces catégories fait comme une tâche noire, et échappe aux esprits les plus fins : même Descartes, ayant décidé de "ne comprendre rien de plus en (ses) jugements, que ce qui se présenterait si clairement et si distinctement à [son]esprit [qu’il n’eût] aucune occasion de le mettre en doute", est resté prisonnier de la grammaire, comme le montre sa "certitude" du cogito. Et comme lui, nous raisonnons d’après la routine grammaticale : "penser est une action, toute action suppose un sujet qui l’accomplit, par conséquent..."(3) De même , "le concept de Dieu se trouve également déduit de la métaphysique implicite de la langue". C’est pourquoi Je crains que nous ne puissions nous débarasser de Dieu, parce que nous croyons encore à la grammaire.(4)

Le langage que nous parlons porte donc inscrit au plus profond de ses codes la peur, l’impuissance , est un lieu de pouvoir, au moins en tant qu’il est une contrainte (cf. les très "nietzschéennes" analyses de Foucault dans l’ordre du discours).
NOTES


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(2)M. Haar,Nietzsche et la métaphysique, p.116.

(3)Par-delà le bien et le mal,(section)17.

(4)Crépuscule des idoles, La "raison" dans la philosophie,(section)5.


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II. La rupture du consensus.

2.1 La polémique

2.1.1 Nietzsche et ses adversaires. "Je ne m’en prends jamais aux personnes,-la personne ne me sert que de verre grossissant qui permet de rendre invisible un état de crise général, mais insidieux, malaisé à saisir"(5). Les adversaires de Nietzsche sont toujours des types.Presque des caricatures.Il s’agit à chaque fois d’une construction rhétorique, qui amène Nietzsche à s’opposer à une figure représentative. Ainsi de Schopenauer et Wagner : En gros de même qu’on saisit une occasion par les cheveux, je saisissais par les cheveux deux personnages typiques, déjà célèbres, et qui pourtant n’avaient pas encore été bien analysés,afin d’exprimer quelque chose, afin d’avoir sous la main quelques formules, signes, moyens d’expression de plus.(6) Avec ce procédé rhétorique, Nietzschese rapproche de Montaigne, qui construit dans ses écrits une "série de relations dialogiques" (Bakhtine) avec les penseurs qu’il cite, et surtout de Pascal, qui (cf. Descotes) lui aussi chercheà représenter les thèses les plus caractéristiques des "personnages" qu’il construit. Mais alors que chez Montaigne ce procédé est celui d’un sceptique- "puisque je ne sais rien, je préfère laisser parler les autres"-, et que pour Pascal il n’est qu’une arme destinée à suppléer les manques de la méthode géométrique, chez Nietzsche la même démarche acquiert une autre dimension : tous ces types sont comme les personnages d’une fiction, c’est-à-dire des types possibles, que Nietzsche teste par la polémique, comme un romancier qui teste des possibilités d’action ou de pensée à travers les personnages qu’il crée. Et Zarathoustra dit : C’est toujours à contre-coeur que j’ai demandé mon chemin, j’y ai toujours répugné. Je préfère interroger les chemins eux-mêmes, et les essayer. Essayer et interroger-c’est ma façon d’avancer...(7) C’est-à-dire que la vérité n’est pas au bout du chemin, mais elle est le chemin lui-même (cf. infra : "Nietzche magister"). Comme le dit Jaspers, elle n’est pas un au-delà du langage, mais l’impulsion animant toute forme de langage. Les chemins dont parle Zarathoustra sont les vérités propre à chaque type de penseur, leur discours, leur pratique du langage. Et la polémique est la confrontation avec ces penseurs, qui teste la validité de leur pensée. Elle est l’épine dorsale d’une "philosophie à coups de marteau".

2.2.1 "Savoir être ennemi".

L’instinct d’agression est la première caractéristique du discours nietzschéen.
Je suis belliqueux de nature. L’agression fait partie de mes instincts . Savoir être ennemi, cela suppose peut-être une forte nature : en tout cas c’est une condition inhérente à toute forte nature.(8) La libération d’un instinct agressif est précisément ce contre quoi lutte la volonté réactive collective, avec ses catégories logiques. La polémique sous toutes ses formes (controverse, raillerie, parodie, trait...) est une expression libre de la volonté de puissance. Ce qu’il ne faudrait pas confondre avec une polémique nietzschéenne relève d’une "saine méchanceté" : saine parce que tout l’intérêt du combat est dans le combat lui-même, pas dans la victoire. Aussi, Nietzsche vise-t-il toujours des adversaires à sa taille : Affronter l’ennemi d’égal à égal-condition première d’un duel loyal.Là où l’on méprise, on ne peut faire la guerre ; là où l’on domine, là où l’on voit quelque chose au-dessous de soi, on n’a pas à faire la guerre.(9) on voit bien que le caractère que le caractère belliqueux de Nietzsche ne le pousse pas à un déchaînement de violence : il accorde au contraire une importance extrême à la maîtrise de cette pulsion, à la mesure. Et c’est justement la rencontre de l’égal qui donne la mesure de sa propre force, et qui permet la transformation d’un instinct sauvage en une forme belle : le grand style.
2.2 Le grand style

Première qualité de l’écrivain de grand style , la richesse intérieure, le bouillonnement des passions ("la première chose qui importe, c’est la vie : le style doit vivre : à Lou Salomé). Le grand style doit faire vivre la "mélodie originelle des affects" :
(5)Ecce Homo, "Pourquoi je suis si sage", (section)7.

(6)E.II., Les "Inactuelles", p.294.

(7)Zarathoustra,"de l’esprit de lourdeur",2.

(8)Ecce Homo,"Pourquoi je suis si sage",(section)7.

(9)Ecce Homo,p.254.


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Un mot sur mon art du style en général Communiquer par des signes-y compris par le tempo de ces signes- un état, ou la tension d’une passion, tel est le sens de tout style : et si l’on songe que la diversitédes états intérieurs est chez moi exceptionnelle, il y adonc chez moi beaucoup de possibilités de styles- l’art de styliste le plus versatilequ’homme ait jamais maîtrisé.(10)

Le mot-clé est celui de maîtrise : le grand style procède de l’ivresse dionysiaque, mais il le maîtrise et aboutit finalementau calme apollinien. (Comme tout langage : un langage dionysiaque expression immédiate des passions, est un non-sens. Mais, alors que l’esprit réactif à l’oeuvre dans le langage commun refoule le dionysiaque, le grand style l’accepte et le sublime : "Il faut avoir un chaos en soi pour donner naissance à une étoile qui danse").
L’aphorisme est l’exemple le plus aboutit de cette sublimation de grand style :
Maîtriser le chaos que l’on est : contraindre son chaos à devenir forme : devenir nécessité dans la forme : devenir logique, simple, non équivoque, mathématique : devenir loi- c’est là la grande ambition.(11) Le principe de l’aphorisme est proche de la détermination leibnizienne : maximum d’effet avec le minimum de moyens. La pensée atteint par là une concentration telle qu’elle se met à rayonner (comme un astre qui atteintune masse critique et devient une étoile) : (L’aphorisme est une) mosaîque de mots où chaque mot par sa sonorité, sa place, sa signification, rayonne sa force, à droite, à gauche, et sur l’ensemble, ce minimum de signes, en étendue et en nombre, atteignant en ce point un maximum dans l’énergie : tout cela est romain et si l’on veut m’en croire aristocratique par excellence ;(12)
Le grand style(et l’aphorisme en particulier) a deux limites asymptotiques. La première est dionysiaque : c’est le chant et la danse, en tant que meilleure traduction humaine de la mélodie originelle des affects. La deuxième est apollinienne : c’est l’architecture classique, en tant que forme durable du calme apollinien. La force du langage qu’invente Nietzscheest de ne pas sacrifier l’un pour l’autre. La volonté de puissance qui trouve à s’exprimer librement dans l’aphorisme est proprement volonté d’être en puissance, d’être en tension : elle réclame la contradiction et le déchirement comme sa réalisation la plus haute.
Conclusion :

Nietzsche est le créateur d’un style nouveau, qui donne au langage un pouvoir exceptionnel : celui d’être ouvertement l’écho de la volonté de puissance qui l’anime. Cette volonté de puissance n’est pas une volonté de conservation : au contraire, Nietzscheva au devant de la folie et de la mort, en recherchant la déchirure tragique, la tension extrême entre le plus bas (la bête) et le plus haut (le surhumain).
Notre langage aussi porte la marque d’une volonté de puissance, même s’il s’en cache : la classe dominante, qui s’arroge "le droit seigneurial de donner des noms" laisse dans ces noms les traces de ses jugements de valeurs. Dans notre société judéo-chrétienne, la classe dominante est celle des prêtres, et leurs valeurs sont l’éternité et la pérennité, et le refus du monde sensible. En outre, le langage est l’instrument de leur domination sur un groupe constitué en troupeau : outre qu’il véhicule leurs préjugés métaphysiques, il contrôle ce qui peut être dit. (Note importante : ne pas confondre cette constatation d’une loi "physique" avec une condamnation morale : les prêtres ne sont pas les "méchants", mais un prsime etc...)
Et finalement un discours comme celui de Nietzsche est soit rejeté parce que jugé incompatible avec les valeurs qui fondent la vie en communauté (Comte-Sponville, Ferry), soit réduit à une philosophie "acceptable" (Heidegger). => Quelle place pour un discours qui assume ouvertement sa force au sein d’un langage qui ne tolère pas d’autre pouvoir que le sien ? Si le langage de la philosophie se fonde sur cette logique réactive que la généalogie a dévoilée, est-il possible de faire une lecture philosophique de Nietzsche ? Etant fidèles aux catégories philoophique, ne dénature-t-on pas Nietzsche ? Et si l’on entre véritablement dans la pensée de Nietzsche, ne sort-on pas de la philosophie ? La pratique nietzschéenne du langage est un cas-limite.

vendredi 1 juin 2007

Nature et culture : les frontières de l'humain

http://www.cite-sciences.fr/francais/ala_cite/college/v2/html/2005_2006/seances/seance_58.htm

L'intelligence et la culture ne suffisent pas à caractériser l'humain. Espèce parmi les espèces, nous partageons avec tous les vivants une histoire commune, des mécanismes communs, que les chercheurs expérimentent de plus en plus finement. Du même coup, qu'il s'agisse de nos gènes, de nos cellules ou de notre cerveau, la connaissance du vivant ouvre de nouvelles perspectives de réparation, de régénération, voire de transformation qui vont bouleverser la pratique et l'éthique de la médecine.

Questions de limites

HENRI ATLAN, directeur d'études à l'EHESS (France), directeur du Centre de recherches en biologie humaine à l'hôpital universitaire Hadassah de Jérusalem

Ce qui rend humain le cerveau humain
Les neurosciences sont-elles à même de comprendre la formation de la conscience ? Nous permettent-elles de spécifier l'humain ?
FRANS DE WAAL, primatologue, directeur du Living Links center, université Emory, Atlanta, USA
- Naturellement culturel : la transmission de la connaissance et du comportement chez d'autres primates

PASCAL PICQ, paléoanthropologue, maître de conférences au Collège de France
- Les frontières de l'humain, entre gènes, culture et évolution

DOMINIQUE LESTEL, éthologue, philosophe, maître de conférences à l'Ecole Normale Supérieure, France
- Comment penser les animaux aux marges de leur espèce?

Qu'est ce que la vie?


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La vie est le nom donné :

à un phénomène empirique particulièrement important pour les humains (qui sont eux-mêmes vivants et pour qui les autres êtres vivants ont une place essentielle), mais qui ne se laisse pas facilement définir (cf. infra). Ce phénomène s'oppose à la notion de matière inerte, et s'articule avec la notion de mort ;
à une étendue temporelle, entre la naissance et la mort ;
au contenu en événements ou en actions de cette étendue temporelle, pour un humain ;
à l'approche harmonieuse des relations humaines (voir « question sociale »).
Une des marques de l'hominisation est l'existence de rites funéraires, et donc d'une conscience d'une transition entre la vie et la mort. La vie est un concept primordial qui a donné lieu depuis des temps immémoriaux à de nombreuses réflexions empiriques, philosophiques, scientifiques, etc. C'est également un sujet de débat politique, qu'il s'agisse du traitement accordé aux êtres vivants par rapport aux humains et aux choses inertes (cf. écologisme) ou des considérations sur le début et la fin de la vie humaine (cf. avortement, euthanasie, « vie éternelle »).

Ces réflexions concernent :

la catégorie statique (par opposition à la matière « inerte » ou à l'état de mort) ;
le concept d’évolution (passage de la matière inerte à la vie, développement et dissolution des formes vivantes, mort, création, etc.).
Elles sont toujours liées aux notions d'esprit et d'intelligence. Elles débouchent également sur des réflexions sur l'étendue temporelle et spatiale de la vie (y compris dans l'univers : « vie extraterrestre »). Elles s'interrogent à la fois sur les conditions d'apparition de la vie (phénomène unique ou au contraire très banal) et sur la possibilité d'une vie évoluée (par comparaison à l'humanité, implicitement considérée comme l'achèvement de l'évolution de la vie terrestre) au sein de l'univers.

En science, l'étude de la vie a été appelée biologie. Elle s'est avérée être un développement de la chimie, plus spécifiquement de la chimie organique (à base de carbone), mais les théoriciens n'excluent pas d'adopter des définitions pouvant inclure des formes mécaniques ou électromécaniques, et même des formes créées par l'homme hors de tout processus reproductif naturel (« vie artificielle » ou cellule artificielle).

Sommaire
1 Définitions scientifiques
1.1 La vie comme propriété d’un organisme vivant
1.2 Caractéristiques biologiques d’un être vivant
1.2.1 Caractéristiques au niveau des activités
1.2.2 Caractéristiques au niveau des structures et composés chimiques
1.3 Autres définitions
2 Définitions philosophiques
2.1 Idéalisme et matérialisme
2.2 Une définition phénoménologique
3 Voir aussi
3.1 Articles connexes
4 Notes et références



Définitions scientifiques
Toute définition doit tenir compte de la notion de niveaux d'organisation structurels, d'émergence, d'homéostasie, d'entropie et de métabolisme pour éviter de se retrouver dans une « zone grise », comme pour l'exemple des virus (sont-ils vivants ou non-vivants ?). Les définitions suivantes semblent limiter le nombre de zones grises :

Selon la NASA, est vivant tout système délimité sur le plan spatial par une membrane semi-perméable de sa propre fabrication et capable de s'auto-entretenir, ainsi que de se reproduire en fabriquant ses propres constituants à partir d'énergie et/ou à partir d'éléments extérieurs.

La vie est un état organisé et homéostatique de la matière.

Mode d’organisation de la matière générant des formes diverses, de complexités variables, en interaction et ayant comme propriété principale de se reproduire presque à l’identique en utilisant les matériaux et l‘énergie disponibles dans leur l’environnement auquel elles peuvent s’adapter.


La vie comme propriété d’un organisme vivant
La période s’étendant de la conception à la mort d’un organisme singulier et individuel.

L’organisme est l’objet d’un processus de développement, la vie, qui le conduit en général par étapes d’un état embryonnaire à l’adulte et à la mort.

La graine, la spore, le spermatozoïde ou l’ovule sont aussi des formes du vivant, bien qu’ils n’aient en eux-mêmes ni la forme ni les caractéristiques des êtres vivants qu’ils vont devenir. Il est ainsi difficile d’isoler totalement la vie d’un individu de la lignée à laquelle il appartient. Le vivant nait du vivant : nous ne connaissons pas de vivant émergeant de l'inerte, ce qui rend difficile la reconstitution des étapes prébiotiques.


Caractéristiques biologiques d’un être vivant
Ou comment peut-on affirmer qu’une entité est « vivante » ?


Caractéristiques au niveau des activités
En biologie, une entité est traditionnellement considérée comme vivante si elle présente les activités suivantes, au moins une fois durant son existence :

Développement ou croissance : l’entité grandit ou mûrit jusqu’au moment où elle devient capable de se reproduire ;
Métabolisme : consommation, transformation et stockage d'énergie ou de masse; croissance en absorbant de l’énergie ou des nutriments présents dans son environnement ou en réorganisant sa masse, par production d’énergie, de travail et rejet de déchets ;
Motricité externe (locomotion) ou interne (circulation) ;
Reproduction : pouvoir créer de façon autonome d'autres entités similaires à soi-même.
Réponse à des stimuli : pouvoir détecter des propriétés de son environnement et d'agir de façon adaptée.
Discussion sur ces critères :

Ils ne sont pas tous satisfaits en même temps pour un individu particulier : il faut parfois considérer la lignée ou l’espèce pour qu’ils coexistent (les hybrides stériles sont des êtres vivants) ;
En isoler un ou deux peut conduire à des conclusions erronées : le feu (combustion) assimilable à une digestion, car ce sont deux processus d’oxydation, ne transforme pas le feu en être vivant ;
Parfois, un critère manque : les virus ne grandissent pas, mais certains les considèrent comme vivants puisqu’ils peuvent contenir de l’ADN et être munis de mécanismes (transcription d’ADN en ARN) provoquant leur reproduction dans les cellules hôtes ;
D’autres fois encore, c’est une seule propriété qui est présente et qui se transmet à d’autres entités, comme un mime de la fonction de reproduction (le prion est une protéine, conformée en miroir par rapport à la protéine normale, qui transmet sa propriété pathogène aux autres protéines), etc.

Caractéristiques au niveau des structures et composés chimiques
D’où le besoin, éprouvé par les biologistes, de compléter ces caractéristiques pour réduire ces ambiguïtés :

Les organismes vivants sont composés au moins d'une cellule, c’est-à-dire d’une membrane fermée, séparant un milieu extérieur et un milieu intra-cellulaire, qui contient du matériel génétique;
Les organismes vivants contiennent des molécules telles que : des hydrates de carbone, des lipides, des acides nucléiques et des protéines, toutes à base de carbone ; mais on peut y voir une vision biaisée parce que carbocentrique de la vie. Des formes de vie pourraient en théorie être fondées sur le silicium, mais celui-ci ne présente pas l’étonnante variété de formes et de propriétés du carbone ;

Autres définitions
Pour Francisco Varela et Humberto Maturana, une entité est vivante si :

elle peut se reproduire elle-même ;
elle est basée sur l'eau ;
elle produit des lipides et des protéines (?) ;
son métabolisme est basé sur le carbone ;
elle se réplique grâce à des acides nucléiques ;
elle possède un système permettant de « lire » des protéines.
Cette définition a été largement utilisée par Lynn Margulis.

« Un système de rétrocontrôles négatifs inférieurs subordonnés à un rétrocontrôle positif supérieur » (J. theor Biol. 2001)

Tom Kinch définit la vie comme un système autophage, hautement organisé, émergeant naturellement des conditions ordinaires sur les corps planétaires et qui consiste en une population de réplicateurs capables de muter.

Dans L'aventure du vivant, le biologiste Joël de Rosnay énumère trois propriétés fondamentales :

L'autoconservation, qui est la capacité des organismes à se maintenir en vie par l'assimilation, la nutrition, les réactions énergétiques de fermentation et de respiration ;
L'autoreproduction, leur possibilité de propager la vie ;
L'autorégulation : les fonctions de coordination, de synchronisation et de contrôle des réactions d'ensemble.
Il faut ajouter à ces trois propriétés la capacité des êtres vivants à évoluer.


Définitions philosophiques

Idéalisme et matérialisme
Deux grands groupes de définitions sont discutées depuis les débuts de la philosophie : les conceptions idéalistes qui s’appuient sur une séparation plus ou moins nette entre la matière et la vie (cf. la définition phénoménologique, ci-après) et les conceptions matérialistes qui supposent la vie comme une des manifestations émergentes de la matière.

Historiquement, on peut distinguer deux thèses, sans qu'il soit possible de déterminer si l'une est antérieure à l'autre, d'autant qu'elles peuvent faire l'objet de synthèses variées (les deux thèses cohabitant à des degrés divers au sein de théories plus sophistiquées). On les retrouve dans la pensée grecque antique.

Selon les thèses dites dualistes, la vie est conçue comme fondamentalement différente de la matière : il y a du vivant (spirituel) et de l'inerte (matériel et énergie) comme il y a du fer et de l'eau. La seule difficulté, c'est de « purifier » et « d'isoler » (au sens quasiment chimique) le vivant de l'inerte, séparation d'autant plus difficile qu'elle est, par définition, inaccessible aux méthodes exclusivement matérielles. Ces thèses font appel à des notions diverses : l’âme, le souffle vital, l’élan vital, etc. Cette séparation a donné lieu à diverses théories, comme celle de la génération spontanée, encore vivaces au temps de Pasteur.

Selon les thèses monistes, au contraire, la vie est une manifestation de la matière, une propriété émergente qui apparaît spontanément dans certaines conditions. Il est alors possible de faire varier la définition de la vie selon les conditions qu'on considère comme caractéristiques, ce qui introduit des marges de faux débats (les contradicteurs croyant discuter sur le concept de vie alors que, en adoptant des critères différents, ils s'interdisent a priori tout accord) même si en pratique seuls les objets en marge sont sujet à discussion (les microbes, les virus, les prions, le feu, etc.). La pensée scientifique moderne relève de ce type de thèse, en particulier suite aux expériences de Pasteur sur la stérilisation : tant qu'on n'a pas démontré la nécessité de postuler une dualité, il convient de s'en tenir à l'hypothèse moniste. Même si les étapes de l’apparition de la vie, ou de l'organisation des êtres vivants, restent à expliquer, les lois chimiques connues sont pour l'instant suffisantes.

Les recherches sur les conditions matérielles originelles de notre planète, avec l’espoir de parvenir à croiser ces informations avec celles existant sur d’autres planètes, nous donneront peut-être un jour un ou des scénarios convaincants du passage de la matière inerte à la vie.


Une définition phénoménologique
Le philosophe Michel Henry définit la vie d'un point de vue phénoménologique comme ce qui possède la faculté et le pouvoir « de se sentir et de s'éprouver soi-même en tout point de son être ». Pour lui, la vie est essentiellement force subjective et affectivité, elle consiste en une pure expérience subjective de soi qui oscille en permanence entre la souffrance et la joie. Une « force subjective » n’est pas une force impersonnelle, aveugle et insensible comme le sont les forces objectives que l’on rencontre dans la nature, mais une force vivante et sensible éprouvée de l’intérieur et résultant d’un désir subjectif et d’un effort subjectif de la volonté pour le satisfaire. Il établit également une opposition radicale entre la chair vivante douée de sensibilité et le corps matériel, qui est par principe insensible, dans son livre Incarnation, une philosophie de la chair.

Le mot « phénoménologique » se réfère à la phénoménologie, qui est la science du phénomène et une méthode philosophique qui se réduit à l'étude des phénomènes tels qu'ils apparaissent. Ce que Michel Henry appelle la « vie phénoménologique absolue » est la vie subjective des individus réduite à sa pure manifestation intérieure, telle que nous la vivons et que nous la sentons en permanence. C'est la vie telle qu'elle se révèle elle-même et apparaît intérieurement, son autorévélation : la vie est à la fois ce qui révèle et ce qui est révélé.

Cette vie phénoménologique est par essence invisible parce qu'elle n'apparaît jamais dans l'extériorité d'un voir, elle se révèle en elle-même sans écart ni distance. Le fait de voir suppose en effet l'existence d'une distance et d'une séparation entre ce qui est vu et celui qui le voit, entre l'objet qui est perçu et le sujet qui le perçoit. Un sentiment par exemple ne se voit jamais de l'extérieur, il n'apparaît jamais dans « l'horizon de visibilité » du monde, il se sent et s'éprouve de l'intérieur dans l'immanence radicale de la vie. L'amour ne se voit pas, pas plus que la haine, les sentiments se ressentent dans le secret de notre cœur, là où nul regard ne peut pénétrer.

Cette vie est composée de la sensibilité et de l'affectivité, elle est l'unité intérieure de leur manifestation, l'affectivité étant cependant l'essence de la sensibilité comme le montre Michel Henry dans son livre sur L’essence de la manifestation, ce qui signifie que toute sensation est affective par nature. La vie phénoménologique est selon Michel Henry le fondement de toutes nos expériences subjectives (comme l'expérience subjective d'une tristesse, de la vision d'une couleur ou le plaisir de boire de l'eau fraîche en été) et de chacun de nos pouvoirs subjectifs (le pouvoir subjectif de bouger notre main ou nos yeux par exemple).

Pour davantage de précisions sur la vie phénoménologique, voir l'article sur la Philosophie de la vie, ainsi que celui sur la Vérité (partie consacrée à la Vérité de la Vie).

mardi 29 mai 2007

Amis ou nourriture?





Viande de chien & chat en Chine





3 chiens en cage attendent leur triste destin Les chiens arrivent par camions entiers

Alors que certains pays d’Asie tels que Hong Kong, les Philippines et Taïwan ont interdit la consommation de chien, il s’avère qu’en Chine – le pays où la consommation de viande de chien est la plus élevée au monde – celle-ci ne fait que croître.

On estime à 10 millions le nombre de chiens abattus en Chine chaque année, dont un grand nombre est délibérément tué de manière lente et cruelle, selon la croyance qui établit que « la torture donne du goût». Ces pauvres animaux subissent le stress et la douleur d’être entassés pendant leur transport avant leur mise à mort toujours opérée de différentes façons, mais qui n’entraîne jamais une mort rapide et sans douleur.

Les enquêteurs sur le terrain d’AAF ont assisté à l’arrivée de camions transportant jusqu’à 2.000 chiens sur l’esplanade du Marché de Gros des Animaux Sauvages de Hua Nam à Cantons. Ces animaux en état d’extrême souffrance ont passé 3 jours et 3 nuits, écrasés les uns sur les autres à l’intérieur de toute petites cages, sans pouvoir bouger d’un pouce, sans nourriture, sans eau, sans abri contre le froid et le vent ou selon la saison, contre la chaleur. Une fois arrivés à destination, à l’aide de longues pinces en métal, des hommes arrachent brutalement les chiens hors des cages par le cou et les tirent jusqu’à une remise. Entassés à nouveau, ils se battent entre eux de peur, de faim, de rage de survivre, pendant la longue attente de la mort lente et horriblement douloureuse qui fournira leur viande aux restaurants de Canton.

Des maladies telles que le Parvovirus Canin, la maladie de Carré et la Leptospirose sont communes. Elles se répandent comme traînée de poudre parmi ces concentrations de chiens dont le système immunitaire est déjà au plus bas, du fait de leur état dépressif et de leur sous-alimentation. Lors de nos visites sur place, nous avons pu souvent observer qu’un grand nombre de chiens et de chats déjà morts ou moribonds étaient retirés des cages et jetés à terre.

Le commerce de la viande de chien est en voie d’industrialisation croissante ; il est même encouragé par le gouvernement dans certaines provinces. Ainsi d’immenses fermes de chien ont été récemment développées. On note aussi l’augmentation des importations de Saint-Bernard – chiens si grands et si doux – pour leur croisement avec le « Mongrel » chinois. On produit de la sorte un chien particulièrement docile et à la croissance ultra-rapide, qui permet la vente de sa viande dès l’âge de 4 mois.
On trouve au rayon « Elevage » des grandes librairies quantité de livres et DVDs consacrés à l’élevage des chiens. Ils y décrivent des méthodes de mise à mort aussi nombreuses qu’épouvantables, toutes fondées sur l’idée que plus le chien souffre, meilleure sera la viande.
Par conséquent, on trouve dans certains supermarchés de Chine de plus en plus de viande de chien sous-vide ou en conserve.

Nos enquêtes ont aussi permis de découvrir que la fourrure des chiens abattus est vendue sur le marché local et international comme « ornement » pour des accessoires de mode, des gadgets comme les porte-clés, les pinces-à-cheveux, …

Animals Asia a étudié tous les arguments, allant de la culture du pays jusqu’à ceux qui préconisent que, tant que l’animal ne souffre pas, la consommation de viande de chien n’est en rien différente de celle d’autres animaux domestiqués et élevés comme le porc, le poulet, le bœuf. Nous, AAF, croyons que le fait de défendre un abattage des chien décent ne ferait que rendre plus légitime cette pratique ; il affaiblirait le superbe et infatigable travail déjà réalisé par tous les autres pays d’Asie qui ont rendu récemment cette pratique illégale. Depuis trop longtemps, encore et toujours, et partout dans le monde, les chiens ont démontré leur qualités uniques et leur capacité à accompagner les hommes. Nous considérons donc que les chiens n’ont pas leur place dans la chaîne alimentaire.

Si l’échelle de la cruauté qui touche les chiens est immense, notre récente enquête publiée sur le plus gros portail de Chine – sina.com – fait déjà état de 5.000 réponses. Elles indiquent que de très nombreux chinois sont passionnément opposés à l’idée de manger « notre meilleur ami ».

L’éducation est la clé pour mettre un terme à la misère des chiens, et pour cela Animals Asia a besoin de votre aide. Nous diffusons notre message avec des programmes très positifs comme notre « Dr.Chien », et la distribution en Chine de 40.000 VCD de notre film-maison « Dr.Eddie : Ami ou Nourriture ? ». Ces communications permettent, nous le mesurons tous les jours, une remise en question fondamentale des attitudes passées.

2006 - L’Année du Chien

L’Année Chinoise du Chien est symboliquement très forte et nous espérons que cette année nous offrira une opportunité unique de changer la vie de millions de chiens et de chats d’Asie qui souffrent depuis trop longtemps. Nous travaillons afin de faire changer les mentalités vis-à-vis des animaux de compagnie et nous recevons un soutien massif des chinois qui sont de plus en plus nombreux à penser que les chats et les chiens sont nos amis….pas de la nourriture ou de la fourrure. Les médias locaux, nationaux et internationaux s’intéressent de plus en plus au sort des chats et des chiens de Chine d’ailleurs, Dr Eddie et Jill ont fait la couverture de « Citizen » un nouveau magazine de Guangzhou. Ils ont pu parler de nos différents programmes mis en place pour aider nos amis à quatre pattes, un bon moyen de faire mieux connaître leur sort tragique.

Forts du succès de notre programme de thérapie animale le « Chien Docteur » à Chengdu, nous lançons le Chien Docteur dans la ville de Guangzhou, au sud de la Chine (c’est la capitale chinoise de la consommation de chien et de chat), où nous venons d’ouvrir une antenne d’Animals Asia. Nous travaillons sans relâche avec tous ceux qui aiment les animaux afin de parler au nom des chats et des chiens.

L’une des voix les plus connues est celle d’Eddie, lui aussi trouvé sur un marché, dont l’histoire est racontée dans le film de Animals Asia « Dr Eddie, Ami ou…Nourriture ? ». Le film montre des célébrités, des médecins et même un chef de cuisine qui expriment leur dégoût quant à la consommation de chats et de chiens et qui mettent en avant le grand amour que les chats et les chiens peuvent nous apporter. A notre grande surprise, les clubs et associations locales de protection animale ont demandé plus de 41 000 packs éducatifs comprenant la vidéo et 47 000 copies supplémentaires vont être distribuées dans toute la Chine avec le numéro de mars 2006 de“Pet Life”, un magazine très connu sur les animaux. Des affiches grandeur nature de la superstar chinoise Richie Jen (qui a fait la voix d’Eddie en mandarin dans le film), sont distribuées à Chengdu et Guangzhou afin de faire passer notre message ! Vous pouvez voir la bande annonce sur le site et commander la vidéo si vous le souhaitez.

Grâce à l’émulation provoquée par la distribution du film auprès des amis des animaux de Chine, nous sommes fiers d’annoncer que nous allons organiser le tout premier Symposium sur les Animaux de Compagnie qui aura lieu à Guangzhou. Des membres du Gouvernement et 50 présidents d’association de protection animale de tout le pays vont se rassembler pour la première fois afin de discuter des nombreux problèmes que doivent affronter les chats et les chiens de Chine et nous allons encourager tous les participants à crier haut et fort qu’ils souhaitent la fin de la consommation de chiens et de chats ainsi que la fin de l’utilisation de ces animaux pour la fourrure.

De plus, Animals Asia agit aussi au niveau politique : nous sommes récemment intervenus lors de réunions à l’ambassade de Chine au Royaume-Uni et auprès de membres du Gouvernement à Guangzhou, afin que la question de la consommation de chien et de chat soit toujours d’actualité. Nous avons aussi rencontré Heather Mills-McCartney à Londres afin de lui transmettre notre message ainsi qu’à son père, Paul Mc Cartney. En Chine, le nombre de gens se préoccupant du sort des chiens et des chats est littéralement en train d’exploser, ce qui nous donne de l’espoir.

Nous soutenons des gens formidables tels que Mamie Ding qui, malgré son âge, recueille régulièrement des chats abandonnés et maltraités de Pékin.

Les enquêteurs de AAF continuent de surveiller les marchés aux animaux de Chine ainsi que les changements qui surviennent au sein de cet horrible commerce. Des visites régulières nous permettent d’établir une liste des endroits prioritaires où nous devons intervenir en premier lieu. Cela nous permet aussi de mieux comprendre et de trouver des solutions à la consommation de viande de chiens et de chats.

Nous soutenons une clinique vétérinaire locale située à Koh PhaNgan, en Thaïlande, qui a lancé un programme de stérilisation et remise sur site des animaux errants, réduisant ainsi les risques de rage et offrant des services vétérinaires gratuits dans une zone où il n’y avait aucune structure.

Les Chiens Docteurs de Animals Asia jouent leur nouveau rôle de professeurs : les « Professeurs à Pattes » enseignent aux petits chinois des écoles primaires que les animaux de compagnie sont importants. Ils leur apprennent aussi la notion de compassion pour tous les êtres vivants ainsi que le comportement à avoir avec un animal de compagnie. Le programme est de plus en plus développé et à ce jour, 1258 enfants sont diplômés en tant qu’Elèves du Professeur à Pattes !

Aidez nous à continuer notre travail vital pour les chiens et les chats qui sont nos amis et nos soutiens, afin que nous puissions leur assurer que chaque année sera pour eux l’Année du Chien

Torture et déni de responsabilité







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ABANDONS ET MAUVAIS TRAITEMENTS D'ANIMAUX DE COMPAGNIE



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Le problème

Que faire ?

Organisations impliquées

Bibliographie

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Le Problème
Les pays industrialisés comptent, aujourd'hui, un grand nombre d'animaux de compagnie : en l'an 2000, la France possède environ 60 millions d'habitants et 47 millions de tels animaux. Chats et chiens forment les plus gros contingents, mais on note, ces dernières années, une très large diversification des espèces possédées et l'apparition de "Nouveaux Animaux de Compagnie" (NAC). Tout cela engendre de nombreux problèmes, dont la cause est dûe principalement aux conditions d'adoption.

Pour beaucoup de propriétaires, le choix d'un animal de compagnie se fait à la légère, sans mesurer les contraintes, les devoirs et l'engagement que cela implique. Un chiot ou un chaton est très mignon, mais il change rapidement de physionomie et va vivre généralement de 10 à 15 ans, parfois davantage.
Lorsque la gêne devient trop importante, en particulier lors des départs en vacances, l'animal est couramment abandonné, parfois dans des conditions misérables.

Le corollaire est bien connu : ces animaux vont errer affamés dans la nature, formant parfois des populations semi-sauvages à la natalité galopante. Leur vie se termine souvent dans les fourrières (où ils ne tardent pas à être euthanasiés) ou dans des refuges, trop souvent surpeuplés. Les abandons de chats et de chiens, en France, se comptent chaque année par plusieurs dizaines de milliers. Vous pouvez lire des textes émouvants sur des abandons : lettre à mon maître ; comment est-ce possible ? ; complainte du chien abandonné ; salauds au coeur tendre ; journal d'un chien.


Vous pouvez regarder deux vidéos très émouvantes sur les animaux abandonnés, voués à l'euthanasie : vidéo 1 et vidéo 2.


Les associations de défense des animaux travaillent pour faire adopter ces pauvres animaux, mais aussi, pour faire prendre conscience de la responsabilité morale qu'implique un acte d'adoption. Elles dénoncent l'animal-objet, la commercialisation des animaux comme des jouets ou des produits de consommation courante. Leurs critiques portent souvent sur les commerces d'animaux, tout en faisant la distinction entre les animaleries soucieuses d'éthique et celles uniquement préoccupées par la recherche du profit. En 1999, à la demande du ministère de l'agriculture, deux rapports accablants ont été établis à ce sujet. Le rapport Legeay (professeur à l'école vétérinaire de Nantes) dénonce ainsi la présence de beaucoup de pratiques illicites dans ce commerce. Il pointe du doigt les séparations précoces des bébés de leur mère, les transports pénibles, les lamentables conditions de vie des animaux sur les lieux de vente : manque de ventilation, d'aire de détente, d'infirmerie. Les animaux invendables (notamment pour cause de défaut physique), ou tout simplement invendus, ont un sort peu enviable, et l'auteur évoque les "dérives de toutes sortes" que cela peut engendrer. On pense bien sûr aux euthanasies sommaires et aux reventes débouchant sur des laboratoires.

Un phénomène inquiétant s'est fortement développé depuis les années 1990: les trafics d'animaux de compagnie en provenance des pays de l'est de l'Europe. Environ 100 000 chiots sont importés chaque année illégalement d'Europe de l'Est où ils sont élevés dans de très mauvaises conditions sanitaires. Le plus souvent élevés en batterie, les bébés de quelques semaines sont arrachés à leurs mères transformées en machine à reproduire. Puis entassés dans des caisses, ils sont transportés sur des milliers de kilomètres. Souffrant de la soif et de la faim, bon nombre d’entre eux tombent malades, meurent ou arrivent dans un état déplorable. Quatre chiots sur dix mourront avant leur arrivée en animalerie. Venant des pays où sévit encore la rage, ces animaux devraient avoir au moins six mois pour être vendus en France. Mais, au mépris des règles, ils sont revendus bien en dessous de cet âge à des animaleries et des éleveurs français. La réglementation française interdit l’importation de chatons et de chiots d’origine hongroise, tchèque ou polonaise, mais la législation belge, beaucoup moins contraignante, autorise l’entrée de ces animaux dès l’âge de 7 semaines. Vaccinés et dotés d’un carnet de santé belge dès leur arrivée, les animaux deviennent des ressortissants de l’Union Européenne et peuvent aussitôt entrer en France le plus légalement du monde.

Les animaux présentent souvent des maladies extrêmement contagieuses, fréquentes dans les chenils et élevages surpeuplés ou insalubres. La toux de chenil, la maladie de carré, l’infestation par les vers et les gales sont les plus courantes et peuvent être fatales pour le nouvel arrivant. Malformations, dysplasies, problèmes cardiaques et respiratoires, sont également monnaie courante. Les problèmes psychologiques sont nombreux également. On retrouve ainsi des chiens mordeurs, agressifs, peureux, destructeurs, anxieux, ou pouvant développer un syndrome d’hyper-attachement.

C'est ainsi qu'à la souffrance animale s'ajoute le mécontentement des acheteurs, qui cèdent à un achat compulsif en animalerie, payent très cher un animal qui ne tarde pas à tomber malade ou parfois à mourir.

Beaucoup d'animaux ne sont adoptés que pour leur intérêt ornemental. Il ne se noue presque aucune relation affective entre l'humain et l'animal, et celui-ci doit souvent jouer son rôle décoratif dans des conditions affligeantes. Des oiseaux doivent ainsi passer toute leur vie dans des cages minuscules, sous des climats qui ne leur conviennent absolument pas ; des poissons passent toute leur existence à tourner en rond dans un bocal de taille ridicule. Des commentaires sur ce problème sont donnés sur le site suivant: animaux en cage, une souffrance muette.


A noter que Monza, localité du nord de l'Italie surtout connue pour son grand prix de Formule 1, est devenue en 2004 la première commune d'Italie à interdire à ses habitants d'avoir un poisson rouge en bocal.

Ce phénomène ne fait que s'aggraver, actuellement, avec l'avènement de "nouveaux animaux de compagnie", parmi lesquels on compte des mammifères exotiques (ouistitis, kangourous de Benett, singes magots..), des reptiles (serpents, iguanes, caméléons..) et même des invertébrés (mygales, scorpions..). Les animaux concernés ont généralement beaucoup de mal à s'adapter à un milieu de vie qui n'a rien à voir avec les espaces naturels d'où ils ont été arrachés. Les achats suivent des phénomènes de mode et les propriétaires sont rapidement débordés par leurs acquisitions. Cela engendre beaucoup de souffrances chez les animaux, mais aussi des problèmes de sécurité publique (avec les animaux dangereux relâchés dans la nature) et de destruction d'équilibres naturels. Un exemple significatif est celui des tortues de Floride : vendues en France à raison de 3 millions par an durant les années 70, la plupart d'entre elles n'ont pas survécu, mais certaines ont pu poursuivre leur croissance et sont devenues beaucoup trop encombrantes. On estime à 500000 le nombre de tortues relâchées dans les égouts, mares et ruisseaux, où elles ont concurrencé les espèces locales, mangées alevins et batraciens, et détruit les écosystèmes. Une coalition d'association de défense des animaux et de la nature a dû mener une grande campagne pour limiter ce commerce et parvenir à l'interdiction de vente de certaines espèces.

Les animaux de compagnie n'ont pas seulement à souffrir de l'irresponsablité de leurs propriétaires. Les mauvais traitements et les pratiques sadiques s'exercent facilement sur ces êtres sans défense. Vous pouvez lire un exemple d'actes de cruauté dont ont été victimes des chatons en 2005 dans la banlieue de Nancy.





Le code pénal français, depuis le 6 janvier 1999, permet de punir de deux ans de prison ferme les actes de cruautés envers animaux. Dans la pratique, et malgré le travail de vigilance des enquêteurs des associations de protection animale, la majorité de ces actes cruels ne sont jamais repérés. Et lorsqu'il y a procès, les peines infligées sont très variables et généralement bien en deçà du maximum permis par la loi.

La situtation des animaux dans les DOM TOM est encore pire qu'en métropole. Par exemple, l’île de la Réunion compte 150 000 chiens errants livrés à eux même et souvent victimes d’actes de maltraitance. De plus, une odieuse pratique locale consiste à utiliser les chiens errants comme appâts vivants pour la pêche aux requins. Certains pêcheurs peu scrupuleux n’hésitent pas à enfoncer un énorme crochet dans leurs babines avant de les lancer à l’eau vivants pour attirer les squales. Ce genre d’horreur dure depuis de nombreuses années, sans que les autorités réunionnaises n’agissent réellement. Un pêcheur pris sur le fait a été condamné en 1999, mais à seulement une amende de 450 euros...


L'Espagne est l'un des derniers pays à utiliser la race des lévriers pour la chasse. Le lévrier accompagne le chasseur et rattrape le gibier (lapins et autres) à la course, par sa vitesse impressionnante de course ! Mais le lévrier espagnol (appelé galgo) est considéré par les chasseurs (leurs propriétaires, appelés gualgeros) comme un simple "outil de travail" qui doit être rentable. Chaque année, les chasseurs changent de chien pour un autre, plus jeune et plus véloce et abandonnent des milliers de lévriers, âgés pour la plupart de 1 à 4 ans ! Les chiens sont au mieux abandonnés, au pire tués de diverses manières : épuisés à la course, étouffés avec un sac plastique, jetés dans un puits, jetés à la rivière une corde au cou, ou, le plus souvent, pendu en forêt. Il arrive ainsi que des touristes découvrent avec horreur, lors d'une promenade, une forêt de chiens pendus !
Si le lévrier a été un mauvais chasseur, il doit beaucoup souffrir pour mourir. On pend le lévrier par le cou en lui laissant les pattes arrière toucher le sol afin qu'il s'étouffe de lui-même, en tentant de se détacher, et que son martyr dure le plus longtemps possible ! Cette pratique est appelée "joueur de piano" parce que le lévrier agitte désespérément ses pattes dans un vain effort pour survivre.
A force de se battre et de faire connaître cette situation, les différentes associations internationales qui luttent pour le sort des lévriers-martyrs d'Espagne ont réussi à faire "un peu" changer les choses... Désormais, les chasseurs qui pendent leurs chiens risquent une amende et ils sont plus nombreux à préférer les apporter dans les refuges espagnols qui se retrouvent, chaque année, envahis de galgos abandonnés.



Mais les pires atrocités commises envers des animaux de compagnie ont lieu dans plusieurs pays d'Asie. Des millions de chiens et de chats sont consommés chaque année en Asie du Sud-est, principalement dans les deux Corée, au nord Vietnam, au Cambodge, et en Chine.
En Chine, des fermes élèvent des Saint Bernard destinés à la boucherie. Ce chien a été choisi car il a une croissance rapide, tombe rarement malade, mange moins que les autres races, ne mord pas, et les femelles en moyenne une portée par année de 10 à 12 chiots (pratiquement le double des autres races).
Les chiens de boucherie passent leur vie dans des cages, puis sont abattus en étant saignés, à la patte. Ils mettent environ dix minutes à mourir, mais la viande est supposée meilleure ainsi.




Mis à part les élevages chinois, ce sont généralement des chiens et chats errants qui sont capturés pour la consommation humaine. Ils sont entassés dans des cages tellement petites que plusieurs suffoquent. Certains ne survivent pas à leurs blessures, au manque d'eau, et aux maladies.
Leur consommation repose sur la tradition, le simple plaisir gustatif, ou la croyance en des vertus aphrodisiaques.
Les conditions d'abattage sont révoltantes : plus l'animal aura souffert, et plus sa viande sera supposée être goûteuse et aphrodisiaque.

Une méthode d'abattage consiste à suspendre les chiens à une corde métallique bien serrée, de temps en temps le fil est relâché afin de prolonger l'agonie du chien. D'autres fois, les chiens sont attrapés au lasso et assommés avec un marteau. Le bourreau doit frapper à plusieurs reprises et le sang gicle abondamment. D'autres chiens assistent au carnage et urinent de terreur. Une fois assommés, mais encore vivants, les chiens sont saignés avec un grand couteau enfoncé dans la trachée-artère. D'autres fois encore, les chiens sont battus à mort.

Les chats ne sont pas mieux traités. Certains sont jetés vivants dans des cuves d'eau bouillantes, parfois les pattes préalablement cassées pour qu'ils ne se débattent pas trop. Ils vont y rester jusqu'à se liquéfier et former le "Goyangi-soju". On retrouve des sachets de "chats liquides" dans presque tous les magasins d'alimentation de la Corée du Sud et on vante ses vertus anti-rhumatismale.

Heureusement, Hong Kong, les Philippines et Taïwan ont interdit la consommation de chien et semblent vouloir faire respecter l'interdiction.

Pour plus de détails, consultez les sites chiens et chats d'Asie et vie de chien (en français), Korean Animals et Animals Asia (en anglais).



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Que faire ?
Ne pas considérer l'animal comme un produit de consommation courante, un objet que l'on achète et jette après usage; réfléchir longuement aux conséquences, contraintes et devoirs de la vie avec un animal.
Ne surtout pas céder à la tentation d'acheter rapidement un animal très mignon dans une animalerie. Eduquer les enfants, leur apprendre le respect des autres espèces que la nôtre, ne pas leur offrir d'animal de la même façon que l'on offre un jouet.
Ne jamais acheter d'animal exotique ou d'animal trop différent de l'humain. Ne pas imposer des conditions de vie incompatibles avec les nécessités biologiques des espèces concernées: emprisonnement en cage, habitudes diurnes au lieu de nocturnes, conditions climatiques inadaptées..
Si l'on décide finalement de prendre un animal, aller de préférence adopter un animal abandonné dans un refuge plutôt qu'en acheter un à un commerçant.
Etre vigilant sur le bien être de son animal, et sur celui des autres: appeler les pompiers (et une association de protection) si une voiture est exposée au soleil avec un chien à l'intérieur; signaler à la police toute personne maltraitant un animal.
Recueillir ou faire stériliser des chats (ou chiens) vivant dans un état semi-sauvage (animaux abandonnés ou descendants d'animaux abandonnés).
Demander au personnel politique l'adoption de contrôles beaucoup plus stricts des importations et des ventes d'animaux. Demander également la participation financière de l'Etat et des collectivités locales pour les stérilisations et les soins des animaux des refuges, des animaux appartenant à des personnes défavorisées, et des chats errants




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Organisations Impliquées
Société Protectrice des Animaux
Organisation française.
Existant depuis 1845, la SPA est la plus ancienne organisation de défense des animaux en France et elle représente une véritable institution. Elle recueille, stérilise, place les animaux abandonnés dans des refuges et cherche à les faire adopter. Elle intente de nombreux procès contre les personnes maltraitant des animaux. Elle comporte une cellule spécialisée dans la lutte contre les trafics d'animaux pour des laboratoires. La SPA édite une revue mensuelle "Animaux Magazine", en vente par abonnement.

SPA
39, Bd Berthier
75847 Paris Cedex 17
France
Tel : 01 43 80 40 66
Fax : 01 43 80 99 23
Minitel : 36 15 SPA
Web : www.spa.asso.fr



Outre la SPA "historique" présentée ici, il existe un grand nombre d'organisations régionales ou locales françaises qui portent souvent le nom de "société protectrice" (avec quelques variantes). Elle sont parfois confondues avec la SPA présentée ci-dessus, dont le siège est à Paris.
Certaines de ces associations sont suffisamment grandes pour mener des actions d'envergure (comme la Société Normande de Protection aux Animaux, 7 bis av Jacques Chastellain, Ile Lacroix, 76000 Rouen). Beaucoup d'autres agissent surtout au niveau local, autour d'un refuge. En France, ces associations sont quasiment toutes affiliées à la Confédération Nationale des Sociétés de Protection des Animaux dont le siège est à Lyon.
Vous pouvez donc écrire à la CNSPA pour connaître l'adresse des sociétés de protection proches de chez vous. Vous pouvez aussi vous abonner à leur trimestriel "Défense de l'animal".

CNSPA
25, quai Jean Moulin
69002 Lyon
France
Tel : 04 78 38 71 85
Fax : 04 78 38 71 78
Minitel : 36 15 SPAFRANCE
Web : www.spa-france.asso.fr


Assistance Aux Animaux
Fondation française
AAA mène avec sérieux des actions d'envergure pour la défense des animaux. A l'instar de la SPA, la fondation s'occupe beaucoup de l'adoption des animaux de compagnie, mais refuse par contre de pratiquer des euthanasies. Elle édite un bimestriel "La voix des bêtes".

Assistance Aux Animaux
24 rue Berlioz
75116 Paris
France
Tel : 01 40 67 10 04
Fax : 01 44 17 90 01
Web : krabott.free.fr/nfaa


Fondation Trente Millions d'Amis
Héritière de l'action de Jean-Pierre Hutin, la fondation fait suite à l'ADAC, association de défense des animaux de compagnie. L'émission de télévision et le magazine homonymes portent eux davantage sur la vie quotidienne entre humains et animaux que sur les véritables questions de la protection animale.

Fondation Trente Millions d'Amis
40 cours Albert 1er
75008 Paris
France
Tel : 01 56 59 04 44
Web : www.30millionsdamis.fr


Fondation Brigitte Bardot
Organisation française, connue internationalement grâce à la célébrité de sa présidente. Edite un trimestriel "Info journal". Soutient financièrement de nombreuses organisations de protection animale.

Fondation Brigitte Bardot
28 rue Vineuse
75016 Paris
France
Tel: (33) 01 45 05 14 60
Fax: (33) 01 45 05 14 80
Minitel: 36 15 FBB
Web: www.fondationbrigittebardot.fr


L'Ecole du Chat
Dans les villes, beaucoup de chats survivent dans un état semi-sauvage, occupant des terrains vagues, jardins publics, cimetières, etc.. Ce sont des chats domestiques perdus ou abandonnés, ou leurs descendants.
La loi française les considère comme des animaux errants: ils sont alors capturés, emmenés en fourrière, et euthanasiés.
Pour les sauver, beaucoup d'organisations de défense des animaux cherchent à leur trouver des familles d'accueil, mais les possibilités d'adoption sont réduites, et les chats vont alors passer des années dans un refuge surpeuplé en attendant une adoption très hypothétique. Par ailleurs, tous les chats errants ne sont pas tous adoptables.
L'Ecole du Chat agit elle pour permettre à ces chats de continuer à vivre libres. Elle les stérilise (pour éviter leur prolifération), les vaccine, les tatoue, puis les relâche pour qu'ils vivent en liberté dans un endroit donné de la ville. L'association surveille leur santé, leur délivre de la nourriture et des abris, et surtout, discute avec les riverains et les autorités locales afin que ces chats ne soient pas emmenés à la fourrière.
Vous pouvez rejoindre un groupe déjà existant afin de les aider, vous pouvez aussi fonder un groupe local de l'Ecole du Chat (il faut être au moins trois personnes), ou vous pouvez simplement aider financièrement l'association.


L'Ecole du Chat
Amfreville, Bercy, Bordeaux, Canet, Cergy, Clichy, Eiffel-Suffren, Jacou, Moselle, Nanterre Parc, Les Noës Près Troyes, Loos, Oise, Paris, Pays d'Arles, Poitiers, Saint Aubin les Elboeuf, Toulouse, Trouville, Val d'Yerres et de Seine, Valence.



Groupement de Recherche des Equidés Volés
Association française
Le G.R.E.V. a été fondé en 1984 par des victimes de vols de chevaux. Il a deux objectifs principaux : d'une part, mener des recherches poussées des chevaux déclarés volés en France, chaque fois que possible, en coopérant avec des organisations analogues dans les pays voisins (comme la Belgique ou les Pays bas). D'autre part, gérer un fichier national des équidés répertoriés et enregistrés.
Il n'est pas nécessaire qu'un équidé soit de pure race pour être répertorié. Il doit simplement être tatoué, ou être porteur d'une puce électronique. Cette identification est indolore, et elle est très utile pour retrouver les animaux volés (le taux d'animaux retrouvés est alors quasiment doublé !)
Le G.R.E.V. publie un magazine annuel, envoyé à ses membres. L'association ne se limite pas à lutter contre les vols des équidés, elle est également très active sur les marchés, fermes, abattoirs, lieux de commerce, ... pour contrôler les conditions de vie (et de mort) des animaux. Elle intervient en justice en cas de mauvais traitements, et fait le nécessaire pour héberger et soigner les chevaux.
Toute personne inscrivant son cheval dans le fichier national devient, par la même, adhérente de l'association; mais vous pouvez aussi rejoindre le GREV en adhérant directement, sans avoir besoin de posséder un cheval. Vous pouvez aussi aider l'association par des dons ou en hébergeant des équidés qui ont été retirés à leurs tortionnaires.

Groupement pour la Recherche des Equidés Volés
Le Lieu Mignot
14140 Cheffreville Tonnencourt
Tel : 02 31 31 54 22 Fax : 02 31 62 02 27 Web : www.hippoplus.com/hipposervices
protection/GREV/grev.asp







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Bibliographie
"La belle histoire de la SPA"
Georges Fleury, Grasset
Relate l'historique de la SPA de 1845 à nos jours.


"Hurler avec les chiens", de Brigitte Piquetpellorce, chez Hachette Carrere.
L'auteur, qui dirige la cellule anti-trafic de la SPA, raconte son combat contre les trafics d'animaux familiers.


"Trafiquants de chiens
Le drame des animaux qui disparaissent"
Henri Barbe, Albin Michel
Témoignage et analyse d'un homme d'expérience dans la lutte anti-trafics.


"Un vétérinaire en colère"
Charles Danten
vlb editeur.
L'auteur, vétérinaire et diplomé en agronomie, dénonce des pratiques très lucratives mais fort peu éthiques qui entourent l'élevage et le commerce des animaux de compagnie, la médecine vétérinaire, la fabrication des aliments...


"Le guide juridique de l'animal de compagnie", d'Isabelle Resmond-Michel, Prat editions.
Une bonne source documentaire sur tout ce qui a trait à la vie avec les animaux dans la société actuelle. Bien qu'étant préfacé par la présidente de la Fondation Assitance aux Animaux, cet ouvrage n'est pas directement lié à la protection animale... mais il pourra utilement servir aux défenseurs des animaux en certaines circonstances.






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